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A cœur ouvert l’écrivaine Aminata Sow Fall du haut de ses 80 ans «La télévision ne saurait tuer le livre»

Le livre une arme puissante ! « La Grève des Bàttu », Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1980, « Le revenant » « L’appel des arènes »…  les romans d’Aminata Sow Fall, sont devenus des classiques inscrits dans les programmes d’enseignement. Très engagée dans la promotion du livre et de la lecture au Sénégal, la lauréate du Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française, regrette le recul de la lecture dans notre pays. Cela, en ce sens que la lecture est, selon elle,  indispensable pour la construction humaine et  l’ouverture sur le monde. 

Pour promouvoir la lecture, vous avez récemment  suggéré  qu’il fallait  à apporter le livre vers les populations. Est-ce que c’est une façon de dire qu’au Sénégal les gens  ne lisent plus ? 

Je considère qu’on lisait mieux avant du fait qu’il  y avait des bibliothèques. Le livre était à la portée des personnes qui en n’avaient  pas  accès direct dans leurs maisons. Ce sont les conditions d’accès aux livres qui constituent aujourd’hui, le plus grand problème.   

A Saint Louis où  j’ai grandi, il y  avait une bibliothèque à la Place Faidherbe, qui était même ouverte le dimanche.  On retrouvait aussi  des bibliothèques dans  les écoles. Je fais partie des plus jeunes de ma famille ; j’ai vu que la culture de la littérature faisait partie de la vie.

Lire, c’est se cultiver, c’est approcher l’ordre si loin qu’il puisse être.  Quand je voyais des personnes âgées, à la retraite, très souvent  elles n’étaient pas seulement dans les   grandes places. Elles avaient des occasions de jouer aux cartes mais, ces personnes suivaient l’actualité littéraire française avant d’arriver sur la scène des écrivains sénégalais, africains et autres. Je me rappelle  quand j’ai commencé à écrire, j’ai  reçu une lettre magnifique d’une personne qui pouvait être âgée de 80 ans.

Cette personne commentait mes livres. C’est quelqu’un qui lisait les livres de succès en France mais, il s’intéressait aussi aux écrivains africains. Je suis née dans un environnement très animé autour de la culture. Mon premier creuset culturel, c’est chez moi.

Quand j’étais en classe de Cp, mon père avait une bibliothèque à la maison, laquelle était logée  à côté de notre chambre. Je lisais, j’épuisais des livres. Une fois en CE2, on avait  fait une dictée  tirée  d’un livre de Victor Hugo. Je me souviens  j’avais fouillé dans la bibliothèque pour trouver ce livre de Hugo. A cet âge, ce qui m’impressionnait, c’est comment une seule personne peut écrire un volume si épais.

 Lire est indispensable dans la construction humaine, c’est aussi nécessaire pour l’ouverture sur  le monde. J’ai lu de la Chine, de l’Amérique et de partout du monde.  Mais Et je trouvais  toujours au centre  les préoccupations de l’être humain dans ses quêtes, son amour, ses sentiments, ses émotions. C’est cela qui fait que quand on lit un livre, l’intérêt n’est pas seulement dans le contexte.

Le manque de lecture constaté de nos jours, peut-il être lié au coût du livre, à la télévision ou à l’avènement des Tic ?

La télévision  ne peut jamais tuer le livre. En 2000, la question s’était posée lors d’une conférence internationale à Tel-Aviv, en Israël.  Des enquêtes et des sondages ont été faits sur la question. Toutefois, il s’est avéré qu’on a jamais utilisé autant de papiers à l’époque, pour fabriquer  des livres.

Lorsque j’écris, je n’arrive pas à utiliser l’ordinateur. J’écris avec la main, car j’ai besoin de ce contact physique, sentimental  avec le papier. La télévision  et l’ordinateur nous apprennent  énormément de choses mais, je pense qu’il y a un aspect humain qu’on ne peut pas vraiment  atteindre par ces médium.  Pour un auteur et la critique littéraire, il est important de voir les phases par lesquelles un livre est passé pou devenir un produit définitif.

Ne faut-il pas écrire dans les langues nationales pour attirer plus de monde, plus de lecteurs ? 

Le constat que j’ai fait, c’est qu’avant l’indépendance les gens  lisaient le livre en français ou celui d’ailleurs en français, tout en s’y retrouvant.  J’ai connu beaucoup de pays avant d’y aller à travers cet accès aux livres. Tout a commencé par l’oralité. Donc, il ne faut pas dire que nous sommes une civilisation de l’oralité.

Il faut savoir que toutes les civilisations ont commencé par l’oralité pourtant nous avons un legs magnifique, essentiel  pour la nourriture humaine car,  on s’est passé à l’écriture.  « L’Eliade et l’Odyssée », « Les milles et une nuit » sont des livres cultes. Et  il y en a des milliers et des milliers. Quiconque allait à l’école  se voyait dans l’obligation morale de lire. Aussi toutes les conditions étaient réunies pour lire. L’inaccessibilité et le manque de discussion autour du livre constituent un frein à la lecture.  Personnellement, j’ai toujours insisté pour qu’on publie mes livres au Sénégal.

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D’aucuns disent qu’il n’y a pas d’industrie du livre au Sénégal… 

Ça se créé. Ma conviction est que quand on veut faire quelque  chose, on crée les conditions de faire  cette chose. Le Sénégal est un pays très ouvert  à la culture. Nos parents s’intéressaient aux livres parce qu’ils savaient ce que cela pouvait apporter. Ils ne mettaient pas seulement à discuter de la politique dans la rue mais,  ils commentaient aussi des livres.  Quand  « La grève des bàttu» est sortie, Issa Diop était le secrétaire général du khalife des Layène. Il avait   offert un exemplaire de mon  livre au  Khalife.

Ce dernier  a envoyé ses talibés  en acheter. Mes tantes, à Saint-Louis, ne savaient pas lire mais,  elles  achetaient le livre pour demander qu’on le leur lise. Le livre peut entrer dans l’actualité des gens. Quand on a son intelligence, il faut la volonté tout simplement. Au moment où  je créais le  Centre africain d’animation et d’échanges culturels (Caec), certains me disaient que cela n’allait  pas marcher.

Mais c’était une chose que je faisais par rêve, par intérêt, par passion. Et par la grâce de Dieu le Caec a très  bien marché.  Tous les trimestres, il y avait un programme. A cela, s’ajoute les clubs de philosophie. D’ailleurs, c’est à partir de ces clubs que le Club de philosophie de l’université de Dakar  a été créé. C’était un bouillonnement extraordinaire. Cela, veut dire que  s’il y a l’offre, la demande suit.

Qu’est-ce qui vous a fait aimer la littérature et l’écriture ? 

Ce n’était pas le fait d’avoir une ambition d’écrivain. Ça peut paraitre bizarre mais, je n’ai jamais rêvé d’être écrivain. Après mes études à la Sorbonne quand je suis rentrée au Sénégal, je me suis confrontée au désert de livres. Comme j’avais l’habitude en France de fréquenter des bibliothèques et des librairies, j’allais à la bibliothèque de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan).

Elle n’était pas très grande mais fabuleuse.  Il y avait des  choses  extraordinaires. Je  n’avais  pas le désir d’écrire de livres mais, j’avais l’intention de faire de la critique littéraire. Dans mon cursus, j’ai un certificat de grammaire et de philologie. Lorsque je suis revenue au Sénégal, j’ai trouvé que la chanson traditionnelle disait quelque chose mais, je considérais  qu’elle n’était pas riche, c’était des répétitions.

Ça  n’a pas  le sens profond de nos chansons qui sont des véhicules de culture, de valeurs.  J’avais prévu de faire un article sur la chanson sénégalaise. D’ailleurs, il s’agit d’un thème que j’ai  fait développer, une fois au Caec, par Adramé Diakhaté, président de l’Association  des écrivains en langue  nationale. 

Un jour, je constate que dans la société  il y a  beaucoup de choses qui avaient changé  par rapport surtout à l’argent. J’étais partie avec la philosophie que l’argent  ne fait pas le bonheur mais que ça sauve l’honneur. Quand je suis revenue en 1969, en voyant comment  l’argent fonctionnait dans la société, j’ai eu des frissons.

Et ce, jusqu’à aujourd’hui lorsque je vois comment les gens donnent en public.  Je voyais des personnes  qui souffraient moralement parce que  sans argent, on ne les respectait plus. La valeur « V » était devenue argent. Un jour de 1973, je me suis posée la question de savoir si un homme ou une femme  honnête, généreuse, digne, pauvre ne mérite pas autant de respect qu’on en offre à des gens qui se sont enrichis. Entre 1960 et 1969, il y avait de grands hommes riches par le commerce. Mais la richesse se traitait autrement.  Ces gens donnaient mais pas pour se faire voir.

C’est de là, est née donc votre  première œuvre  littéraire, « Le Revenant » ? 

En congé de  maternité en 1973,  je me suis dit que je vais réfléchir sur le phénomène de l’argent dans la société, en m’essayant au roman. J’écris le livre « Le Revenant » très vite et après  je l’ai remis à  un de mes cousins  qui travaillait au Rectorat  de l’Université de Dakar. Après l’avoir dactylographié, il l’a remis à mon mari, qui à son tour a lu le livre avant de le donner à Madior Diouf qui était  notre voisin.

Ce dernier a demandé à ce qu’on le publie. Toutefois, ce n’est qu’après l’avoir donné à ma sœur Arame, qui est linguistique et  à mon frère pédiatre, Pr Mouhamadou Fall, que j’ai décidé finalement  de présenter le manuscrit aux Nouvelles Editions africaines. Le directeur littéraire me dit que le livre était trop local et que les Occidentaux ne vont pas comprendre.

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Je l’ai répondu que moi, je suis noire, j’ai lu l’Occident et je me suis retrouvée parce que tout simplement  le contexte est secondaire. Je ne peux pas écrire un livre bâtard. J’ai laissé le manuscrit là-bas pendant trois ans.  Un jour, je devais voyager  et l’idée m’est venue d’aller  reprendre mon manuscrit. Après avoir repris le texte, j’ai croisé le directeur  général des Neas au moment où je sortais. Ce dernier m’a demandé ce que je venais faire et je lui ai répondu que j’étais passé pour reprendre mon texte parce qu’on m’a dit qu’il ne peut être publié. Il m’a répondu : mais il faut publier.  Finalement le livre est sorti en 1976.

Comment avez-vous réussi à concilier la création littéraire à votre carrière dans la Fonction publique ? 

A mon retour  au Sénégal en 1969, on était proche de la rentrée des classes. Quand je suis allée au ministère de l’Education nationale pour remplir ma fiche de demande d’affectation, on m’a fait savoir  qu’il ne restait qu’un seule poste et celle-ci se trouvait à Rufisque.  J’habitais avec ma mère  à la Sicap liberté 3 lorsque j’ai commencé à enseigner à Rufisque.  J’ai fait un an là-bas avant d’être  affectée au Lycée Maurice Delafosse de Dakar où le quota horaire était de 18 heures par semaine. 

Je ne connaissais rien de l’administration…  Après   un an, je suis partie au Lycée Blaise Diagne.   En 1979, le directeur de cabinet  du ministre de la Culture, Assane Seck, m’a appelé pour me dire que le ministre voudrait me voir. C’est comme ça qu’il m’a fait part de son intention de vouloir me confier la Direction des Lettres et de la  Propriété intellectuelle et la celle du Centre d’études des civilisations.

A cette époque, j’avais déjà publié « Le Revenant »  et la « Grève des Bàttu ». Les gens commençaient à m’appeler de partout. J’ai dit au ministre que je n’avais pas l’esprit administratif.  Il m’a dit : ça ne fait rien, on va vous affecter un secrétaire général, tout ce qui nous intéresse, c’est la vitrine que vous pouvez constituer.  Je suis restée à cette poste jusqu’à 1987 mais, tout en aménageant un temps d’écriture.  Je suis quelqu’un qui veut  bien s’organiser car,  je n’aime pas me perdre.

Est-ce que vous suivez la jeune génération d’écrivains sénégalais et pensez-vous qu’il y a une certaine relève après la vôtre ? 

Je considère qu’il y en a qui font de la bonne littérature. Je ne veux pas citer de noms pour ne pas  les gêner. Je pense que la relève est assurée.

Dans vos œuvres,  on a l’impression que  vous dénoncer les tares de la société, en exprimant   le dégoût par rapport à  l’aspect matériel… 

Non. Si c’était le cas j’aurai  écris  des pamphlets.  Je fais de la fiction. Je sais que toute œuvre littéraire se charge de comment fonctionne les être humains dans leur société. Son but n’est pas  dire la société. L’œuvre littéraire est une recréation du réel même  quand ce réel n’existe pas. La fiction doit répondre à ces normes, faire surgir le possible de quelque chose qui n’est pas là.  Ce qui m’intéresse davantage, c’est l’intérieur des êtres, leurs sentiments, leur humanité. S’il y a d’ailleurs un dénominateur commun à tous mes livres, c’est bien cette notion d’humanité et de dignité de l’être humain.

Vous avez vécu l’époque où beaucoup de gens écrivaient sur la Négritude et le féminisme. Pourquoi, avez-vous opté de ne pas traiter ces thématiques dans vos œuvres ? 

J’ai lu et je sais pourquoi Senghor et ses compagnons ont créé le mouvement de la Négritude. Il y a toujours des gens qui continuent à dire que nous n’avons pas d’histoire. Nicolas Sarkozy a dit la même chose lors de sa visite à Dakar. Personnellement, je n’ai jamais cru en cela. Je suis très heureuse d’être formatée de la sorte et  d’avoir conscience  de mon existence en tant qu’être humain, capable de sentir le monde, de penser et de percevoir  l’autre qui est loin et que je connais à travers la littérature  par son intérieur.  

Chacun à sa manière de survivre. La première préoccupation de l’être humain, c’est comment survivre matériellement, intellectuellement spirituellement et culturellement. Les êtres humains se créent des cathédrales au sens figuré pour se sauver. Nos croyances nous permettent de se sauver.  Au Sénégal, on a tendance à dire que nous perdons nos valeurs. Mais, il s’agit bien des valeurs morales qu’on nous a apprises pour sauvegarder la société.

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Aminata Sow Fall  écrit pour qui ? 

Je me suis jamais posée cette question.  Dans ma conscience  je sais qu’il y a des gens qui me perçoivent au premier degré et je sais que c’est au Sénégal et peut être en Afrique.  Je n’ai pas lorgné l’Occident. La première  fois que  j’ai eu des propositions de traduction et des invitations, c’était en Chine.

Dans vos romans, il arrive qu’on retrouve des expressions en wolof. Pourquoi une telle option ? 

Quelqu’un qui lit beaucoup et qui lit d’ailleurs, sait que même en France, il y a une littérature du terroir. Le Marseillais fait du néologisme dans son texte parce que toute langue est étroite pour exprimer tout le fantasme,  les désirs  et le ressenti de l’être humain.  Je ne me gêne pas. Je sais qu’au 17ème siècle il était même interdit de mettre des poèmes dans un roman.  Quand je mets un mot wolof dans  mes textes, ce n’est pour faire de l’exotisme.

Dans notre pays, nous avons tendance actuellement  à reléguer la culture au second plan, et souvent par rapport même aux politiques de développement. Quelle doit-être la place de la culture dans le développement humain ? 

La culture est primordiale. Il s’agit d’un creuset de valeurs, d’espérance, de rêve. L’écrivain, l’artiste, le poète dépasse ces frontières humaines. Il monte dans l’imaginaire qui est le lieu où tout se règle. La culture nous vaccine contre ce matérialisme qui nous écrase. Je pense qu’il  nous faut cette utopie qui nous met au dessus de ce désir d’argent parce que quand on  est  possédé par le matériel on  perd  nos repères.

Est-ce-que c’est une façon de dire que le développement n’est pas seulement une amélioration des conditions matérielles de l’être humain ? 

C’est le problème essentiel. Beaucoup de  gens pensent que  le développement  est lié à un esprit de  modernité. Et  que modernité signifie qu’on doit tout casser. A mon sens, la modernité n’est pas un lieu où on doit copier l’Occident. Il s’agit d’un lieu où il faut toujours chercher les moyens d’améliorer  les conditions de la vie. Les peuples  ne pas marchent  en reculons. Chaque fois, nous rencontrons des situations nouvelles, des saisons nouvelles. Il  y a un temps où il y avait de l’eau dans le Sahara. L’évolution est inexorable.

Nous allons toujours en avant et nous trouvons toujours  les moyens d’améliorer notre existence. L’espérance d’avoir et d’être le meilleur a toujours été la  préoccupation  de  tous les peuples du monde même s’ils sont dans la savane. Le monde n’est pas statistique. La modernité, c’est ce  qui marche mais, chacun en fonction de sa culture. Il faut savoir qu’aussi que la culture n’est pas figée, on change mais sans dégrader l’être humain.

Nous sommes dans un contexte d’intolérance avec à la clé une montée en puissance du terrorisme.  Est-ce qu’il s’agit là d’une absence de dialogue? 

On finira toujours par le dialogue.  Je suis pour une réconciliation planétaire ; qu’on parle  avec tous, qu’on soit tolérant et respecte tout le monde. Chez toutes les religions, je n’ai jamais vu qu’on ait mis  comme condition la haine de l’autre. On est soi mais, ce n’est pas une vengeance, une bagarre éternelle.  Depuis l’aube des temps, toutes les guerres, tous les conflits  se sont réglés par une réconciliation.

Vous avez participé  à plusieurs réformes sur l’enseignement au  Sénégal. Aujourd’hui quel regard portez-vous sur le système d’enseignant dans notre pays ? 

Le système d’enseignement s’est beaucoup dégradé. La place du  français aussi. Je  pense que ce n’est pas une excuse de dire que  le français n’est pas notre langue maternelle. Avant nos pères et grands-pères y mettaient leur amour propre.  Ils ne voulaient pas s’exposer à des sanctions ou à  des railleries. J’ai découvert à  la bibliothèque de l’Ifan en 1969-1970 des cahiers de l’Education nationale édités par la tutelle.

Dans ces cahiers, il y avait toutes les dictées. Quand on parle une langue, il faut y mettre  tout son cœur et son expertise.  Le langage, c’est quelque chose de précieux.  Toutefois, je pense que rien n’est perdu et qu’on peut   rattraper tout ça.

*Interview publiée dans le Soleil en avril 2016. Elle est rééditée à l’occasion des 80 ans de Mme Aminata Sow Fall, en avril 2021.

Aminata Sow Fall

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