LA SAGA DES 4 MOUSQUETAIRES CONTÉE…
Ils ont des trajectoires différentes, mais partagent la passion commune pour la Formation professionnelle. Ils ont le courage d’avoir osé dans un secteur qui n’augurait pourtant pas un si bel avenir. Ils sont les précurseurs des 4 plus grandes Business schools du Sénégal. Des parcours aussi croustillants les uns que les autres.
Amadou Diaw, la vision du pionnier
« C’est dans l’amour pour l’Afrique et la confiance en ses jeunes talents que les fondateurs de l’ISM ont planté en 1992, les premières graines de ce qui allait devenir la 1ère école de Management de l’Afrique de l’Ouest. Vingt-trois ans après, l’ISM reste fidèle à sa mission, qui est non seulement de former une nouvelle génération de managers et de leaders africains, mais aussi de renforcer son engagement militant et citoyen en faveur de la promotion d’un enseignement supérieur de qualité, accessible à tous… »
Ainsi s’exprime Amadou Diaw pour décrire la vision qui fut la sienne quand il porta, sur les fonts baptismaux, la Fondation de l’Excellence qui va accorder des bourses à la 1ère promotion des étudiants de ce qui allait devenir l’Institut Supérieur de Management (ISM).
Entre les 25 étudiants du début en 1992 et les 4 000 d’aujourd’hui, le chemin fut très long et parsemé d’embûches. Mais, tout est bien qui finit bien. Pour s’en convaincre, il faut se promener dans les allées du Point E. La couleur orange des imposants bâtiments de l’ISM constitue une partie intégrante du décor de ce quartier résidentiel. La grande force de M. Diaw est son esprit innovateur, son audace entrepreneuriale et son ambition de leader.
Moustapha Guirassy, l’impétueux challenger
Et dans cette conquête vers les cimes de l’excellence, il a été, en permanence, challengé par un suiveur tenace, encore plus téméraire, Moustapha Mamba Guirassy (IAM). Un marquage à la culotte qui a ni par payer. La preuve, les deux plus coriaces concurrents sur les deux dernières décennies, dans le monde de l’entreprise au Sénégal, ont ni par signer la paix des braves et fumer le calumet de la paix. Pour donner naissance à la future Madiba University, une alliance ISM/ IAM. Une grande 1ère en Afrique francophone devant devenir une université de rang mondial.
Une initiative pour faire face à la nouvelle concurrence (BEM Dakar, notamment) et pour suivre la tendance mondiale à la concentration et aux grands ensembles pour gagner en puissance et en visibilité à l’international. Aujourd’hui, le dé de M. Diaw, c’est de « former 20 000 leaders pour l’Afrique à l’horizon 2020 ». Déjà, ils sont + 17 000 managers, originaires d’une trentaine de pays, et en activité dans toutes les régions du monde et dans tous les secteurs économiques.
A vrai dire, Moustapha Guirassy est un compétiteur hors-pair qui s’est construit tout seul, à force d’opiniâtreté et de bagout. Même si on aurait pu dire de lui qu’il est « un ls de ». Du patriarche de Kédougou, Mamba Guirassy, ancien président du Conseil Economique et Social. On comprit bien plus tard que Moustapha fut obligé de porter le lourd héritage du pater en s’engageant en politique jusqu’à devenir successivement député, maire, puis ministre de la République.
Pour en revenir à l’histoire, le jeune Moustapha, après ses études au Canada, a enseigné, pendant 4 ans, le Management et l’Informatique appliquée à la gestion. Mais son rêve, c’était de créer une école aux standards internationaux. Au début, le projet de l’Institut Africain de Management (IAM) démarra dans les locaux de Machalla. C’était en 1995, au lendemain de la dévaluation, et on parlait alors d’IAM Machalla. Hélas, ce sera juste le temps d’une rose.
En 1996, tout tomba à l’eau. Mais ayant marqué ses étudiants, ces derniers (une quinzaine) décident de porter le projet aux côtés de celui qui est devenu leur mentor. L’équipe de choc ne ménagea aucun effort. Un an plus tard, les fleurs commencèrent à porter leurs fruits. Ce sera essentiellement l’œuvre de ses premiers étudiants qui en ont fait un dé humain et un bel instrument de développement économique et social.
Déjà en 1997, M. Guirassy s’engagea avec ses étudiants à écrire l’histoire d’une des plus grandes écoles de Commerce de Dakar. En moins d’une décennie, IAM s’est imposé dans l’univers de l’enseignement supérieur privé ouest-africain. Il fut sélectionné par IFC, la filiale chargé du secteur privé de la Banque Mondiale, parmi les 60 établissements du secteur, de par le monde, dont Harvard, pour prendre part au programme Global Business School Network (GBSN/ IFC). Ainsi, de nombreux encouragements, internationaux et nationaux, sont venus saluer les évolutions de IAM et de son fondateur Guirassy qui a toujours misé sur la modernisation des méthodes et technologies d’enseignements, sur l’action, sur l’ouverture à l’international et sur la capacité d’anticipation.
Aboubacar Sy, la sagesse du doyen
Loin de la guéguerre ISM/ IAM, un autre précurseur et non des moindres, Aboubacar Sy, en dirigeant pondéré et perspicace, lança, avec quelques amis et partenaires, l‘Ecole Supérieure de Commerce (SUPDECO Dakar). C’était en 1993. « 22 ans après sa création, l’objectif de SUPDECO reste le même : former des managers polyvalents avec une expertise avérée dans tous les métiers du Management et des TIC, des cadres ayant une vision stratégique et outillés pour faire face aux défis d’un monde en perpétuelle mutation. »
Au fil des ans, SUPDECO a su se développer pour devenir un groupe rayonnant, renfermant en son sein 10 pôles de formation supérieure de haute qualité et un incubateur académique d’entreprise. Avec plus d’une centaine d’offres de formations dans tous les domaines du Management et des TIC, plus de 350 professeurs et cadres impliqués dans la formation pour des milliers d’étudiants provenant de 25 pays.
Avec le recul, le doyen reste persuadé que « l’expérience du Groupe SUPDECO me conforte, tous les jours, dans notre conviction première, qu’il est absolument possible de former, ici-même en Afrique, des managers de haut calibre pour nos entreprises, quels que soient leurs dimensions et secteurs ». Chapeau, doyen !
Pape Madické Diop, le trouble-tête
Dans la 2ème partie de la décennie 2000, pendant que les gladiateurs de ISM et IAM étaient trop fatigués d’une guerre fratricide et avaient déserté le champ de batailles (Guirassy au Gouvernement et Diaw exilé à Saint-Louis), sortit, par surprise, Pape Madické Diop (BEM), un trublion qui déclara, tout de go, vouloir jouer dans la Cour des Grands ! Au début, on crut à une simple profession de foi d’un impétrant cherchant sa place au soleil. A l’instar de la centaine de PME qui officient, vaille que vaille, dans le secteur de la formation…
Aujourd’hui, BEM, cadette des « Business Schools », a bousculé la hiérarchie en moins de 7 ans d’existence. « BEM est née ici à Dakar en 2008 à l’initiative de ce qui s’appelait à l’époque l’Ecole de Commerce de Bordeaux, devenue Bordeaux Management School, devenue aujourd’hui Kedge Management School, de la Chambre de Commerce de Bordeaux et de moi-même. Nous avons eu l’idée de créer cette école au Sénégal pour donner une opportunité aux jeunes Africains de pouvoir suivre les enseignements d’une grande école de Commerce qui réponde aux standards internationaux », se remémore-t-il. Mais la grosse différence, c’est que BEM-Dakar est une délocalisation de BEM-Bordeaux, la grande école de Commerce vieille de +130 ans. Donc une notoriété internationale, des innovations pédagogiques et un savoir-faire devenu un label de compétence. Ainsi, BEM-Dakar a réussi à faire la différence très rapidement. Elle fut classée 1ère « Business School » d’Afrique noire francophone et 2ème « Business School » d’Afrique, 3 années de suite (2011 à 2013), par Jeune Afrique.
Ces performances remarquables ne sauraient étonner, venant d’un praticien de haut vol, doublé d’un théoricien académique. En effet, Pape Madické Diop est d’abord Docteur en Sciences de gestion (ESSEC-Paris). Ensuite, il a accumulé une grande expérience comme consultant et formateur, dans les domaines du Management des ressources humaines, de l’organisation et de l’entrepreneuriat. Il a été à la bonne école, comme Directeur du développement de SUPDECO, avant de créer son cabinet Pro l où il a développé un riche carnet d’adresses…
MAMADOU GNINGUE (ITECOM)
Un pur produit de la Formation
Ses premiers pas en milieu professionnel, Mamadou Gningue les a effectués dans l’Education et la Formation. Tel du sang qui coule dans ses artères, il ne les a jamais quittées. Aujourd’hui, Président de la CEPES et patron du Groupe ITECOM, il allie sa mission avec passion et abnégation.
Professeur de Mathématiques, de Statistiques et spécialiste en calcul de probabilités, Mamadou Gningue a commencé à enseigner aux lycées Galandou Diouf et Abdoulaye Sadji. Puis, il faisait du « xar-matt » ou « travail au noir » dans quelques établissements privés. Peu convaincu par la qualité de la formation dans certaines écoles, il s’assigna une mission de faire bouger les lignes.
« Ça n’a pas été facile, mais nous avions la conviction qu’il y a quelque chose à faire, surtout dans la réadaptation de la formation à nos vraies réalités. Nous avions exercé dans certaines écoles, mais nous n’avions pas la possibilité de changer les choses. Nous avons pris la responsabilité de rassembler des collègues et nous retrouver pour voir le type d’enseignement qu’il fallait, au lieu de continuer à servir, sans être satisfaits », se rappelle-t-il.
M. Gningue et ses amis avec qui il partage la passion de la formation et le même vécu professionnel, créèrent ITECOM. « Nous avons la particularité d’être tous des acteurs de la formation. Nous avions une idée claire de ce qu’il fallait faire et de quoi avait besoin le Marché. Nous nous sommes rapprochés de la Chambre de Commerce pour la déclinaison de certaines filières », raconte-t-il.
Ancien Conseiller technique au ministère de l’Enseignement technique et professionnel, M. Gningue est issu d’une famille où le père et le grand frère étaient tous dans la Fonction publique. « Quand j’ai dit à ma mère que je quittais la Fonction publique et ses avantages pour le Privé, elle a failli en mourir », se rappelle-t-il.
Le gérant du Groupe ITECOM révèle qu’il ne doit aucun sou à une banque. « Nous le devons à une gestion rigoureuse et transparente », dit-il. En attendant, le groupe poursuit son expansion, « le plateau technique d’ITECOM a connu une progression considérable. Avec aujourd’hui 4 immeubles de 3 niveaux chacun dont 2 amphithéâtres climatisés et sonorisés de 150 et 200 places », révèle-t-il.
Aujourd’hui que les nouvelles autorités ont décidé de faire de Diamniadio, un vrai pôle de développement, elles peuvent compter sur le concours de ITECOM. Selon M. Gningue, le financement pour la construction d’une université privée est presque bouclé. Et à voir les différentes maquettes sur la table du Directeur, on comprend aisément qu’il s’agit d’un projet d’envergure