Intellectuel, poète et homme d’État, Léopold Sédar Senghor est né le 9 octobre 1906 à Joal, sur la côte, au sud de Dakar. Il est issu d’une modeste famille de commerçants sérères mais sera le premier Africain agrégé de grammaire en France (1935). Enseignant à Tours puis à Saint-Maur, il fréquente aussi les intellectuels parisiens et lance, en compagnie des Guyanais Léon Gontran-Damas et Martiniquais Aimé Césaire, la petite revue « L’Etudiant noir ». C’est là que naît le concept de « négritude », l’ensemble des caractéristiques propres selon eux à la culture négro-africaine : primauté de l’intuition, de la sensibilité, de l’émotion sur le raisonnement. Mobilisé en 1939, captif pendant 20 mois, Senghor s’inspire de cette expérience difficile dans son premier recueil de poésie, « Hosties noires ». Il paraît en 1948 ainsi qu’une « Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache », préfacée par Jean-Paul Sartre. Co-fondateur avec Alioune Diop de la revue et maison d’édition Présence africaine, Senghor publie d’autres poèmes : « Ethiopiques » (1956), « Nocturnes » (1961) et poursuit son œuvre critique (« Liberté I. Négritude et humanisme » ; « Liberté II. Nation et voie africaine du socialisme ») de 1961 à 1964. Mais la bataille politique l’accapare tout autant. D’abord député SFIO à l’Assemblée constituante française (1945), il crée le Bloc démocratique sénégalais et détrône son parrain Lamine Gueye de la scène politique sénégalaise en 1951. Secrétaire d’Etat sous la IVème République puis ministre de de Gaulle, il est élu président de la République sénégalaise le 5 septembre 1960, après l’indépendance et l’échec de la Fédération avec le Mali, qu’il déplorera. Impitoyable avec son opposant Mamadou Dia emprisonné 12 ans, candidat unique à trois reprises, Senghor introduira cependant une dose de multipartisme à l’élection présidentielle de 1978, une première en Afrique, et passera la main à Abdou Diouf le 31 décembre 1980, de son propre gré. L’ancien président s’installe alors définitivement à Verson en Normandie (nord-ouest de la France), la région de son épouse Colette, et se consacre à l’écriture. Premier Africain élu à l’Académie française (1984), il meurt le 20 décembre 2001, très loin de Dakar… Cette distance vis-à-vis de son pays lui sera reprochée, de même que son dédain de la chose économique. Il est vrai que pour lui, la culture était la clé du développement. Et qu’il avait confié : « Mes poèmes, c’est là l’essentiel. » – Via RFI