Du slogan “ubbi tey grève tey” à la menace de radiation, l’année scolaire 2015/2016 est passée par tous les états. Appels à la retenue, dialogue de sourds, mépris mutuel, réquisition, mise en garde et médiation, les acteurs ne se sont jamais retrouvés. La radicalisation n’a jamais été aussi profonde, et le dénouement inattendu. Le quotidien EnQuête tente de retracer le parcours d’une année qui sera sans doute gravée dans les annales de l’histoire du syndicalisme enseignant au Sénégal.
La crise scolaire a enfin trouvé un dénouement. Le Cusems et le Grand cadre version Mamadou Lamine Dianté ont lâché du lest, en partie grâce à l’intervention des familles religieuses, mais sans doute également parce que les enseignants étaient dos au mur. Dans tous les cas, la décrispation permet d’avoir une fin d’année plus sereine et des examens plus calmes. Mais que le chemin fut long à se dessiner. Depuis l’année dernière déjà, toutes les conditions étaient réunies pour une confrontation.
D’ailleurs, 2015-2016 n’est que la suite de celle qui l’a précédée. Pendant les vacances, les enseignants ont longtemps alerté sans suite. Agacés du mutisme de l’Etat, certains ont détourné le concept “Ubbi tey, Jang tey” de la Cosydep en “ubbi tey, grève tey”. Pourtant, la menace n’a pas été suivie d’exécution. Durant les trois premiers mois de l’année, les syndicats ont continué à dénoncer le non-respect des engagements tout en menaçant de perturber l’année. Pendant ce temps, le gouvernement a fait le mort. Quant aux médiateurs de l’année dernière, ils ont été eux aussi aux abonnés absents.
Au mois de décembre, les préavis se télescopent sur la table du gouvernement. Un mois plus tard, en janvier 2016, débutent les mots d’ordre. L’un après l’autre, les regroupements syndicaux enchaînent débrayages et grèves totales. Interlocuteur direct des enseignants, le ministre de l’Education ne s’est jamais montré comme un artisan du dialogue. Au contraire, Serigne Mbaye Thiam s’est déjà fait son opinion. ‘’Le gouvernement a respecté ses engagements auprès des syndicats. Les grèves ne se justifient pas’’, soutient le ministre socialiste qui accuse même certains organisations d’avoir des logiques autres que celles syndicales. Très vite, le dialogue est rompu entre lui et ses vis-à-vis.
Source: Senego.com