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QU’EST–CE QUE L’INSTITUTION ECOLE ? QUELLES SONT SES MISSIONS ET COMMENT LA PACIFIER ?

QU’EST–CE QUE L’INSTITUTION ECOLE ? QUELLES SONT SES MISSIONS ET COMMENT LA PACIFIER ?

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Définir l’école n’est pas chose aisée mais pour des auteurs comme Yves Reyter, les Guy Vincent,  l’institution école est une forme scolaire, forme d’organisation qui est régie par trois dimensions : le temps, l’espace et la relation entre les différents acteurs. C’est pourquoi elle diffère des autres institutions de par ses missions. Parlant de mission justement, l’institution école à trois rôles à jouer. Une école de l’éducation, une école de la socialisation et une école de l’utilité. La première mission de l’école, nous la nommons l’école de l’Éducation. Le rôle de l’école est ici d’apprendre à chacun à penser par soi-même à travers le savoir de la science et de la raison. Il s’agit de former le « je », c’est-à-dire l’Individu-Sujet « éclairé », en forgeant sa liberté de conscience, son esprit critique. L’école qui veut ouvrir à tous l’accès à l’instruction et émanciper chacun par le savoir rationnel, un savoir défini avant tout comme objectif et universel.

Le pôle de l’Éducation s’est vu élargi au-delà du seul rôle de l’instruction. Il comprend aujourd’hui le rôle de développer la personnalité de l’enfant, du jeune, de l’adulte, sous toutes ses facettes. Il s’agit alors de former le « moi », c’est-à-dire l’Individu-Sujet « épanoui », en prenant en compte et en développant tout son potentiel, toutes ses ressources personnelles. Le rôle de l’Éducation dépasse désormais la seule logique de la raison et du savoir. Chacun est conduit sur le chemin d’une quête d’authenticité où il doit trouver sa voie pour « être soi-même », une quête personnelle qui se veut avant tout subjective et unique. La deuxième grande mission de l’institution scolaire correspond à l’école de la Socialisation. Cette fois-ci, ce n’est pas le « je » ou le « moi » qui est mis en avant mais le « nous ». L’école doit contribuer à créer un sentiment d’appartenance collective qui permet de dépasser non seulement les points de vue individuels mais aussi les particularismes locaux de type communautaristes, autrement dit un sentiment d’appartenance qui combat « l’esprit de clocher ». Ce dernier se traduit dans des dialectes locaux, des croyances religieuses, des allégeances idéologiques, des particularités vestimentaires. Poursuivant le but de forger un grand « nous », cette école  contribue à construire la « citoyenneté » autour de l’appartenance nationale s’opposant à toutes les formes de particularismes culturels. C’est pourquoi elle promeut, outre le droit de vote et la démocratie parlementaire, la reconnaissance d’une seule langue, l’uniforme (ou tout au moins un code vestimentaire), le respect du caractère sacré des lois, le rôle transcendant de l’État vu comme l’incarnation du bien commun (lui-même doté d’un caractère sacré), la nécessité de la laïcité ou de la neutralité idéologique voulant écarter de la sphère publique les croyances religieuses et les options idéologiques pour les réserver à la sphère privée. La mission de Socialisation prise en charge par l’école vise à délégitimer les représentations du monde et les conceptions de vie traditionnelles et à les remplacer par de nouvelles représentations partagées par tous, en tant que « citoyens » membres d’un même « nous ». Le pôle de la Socialisation s’est lui aussi progressivement élargi et profondément transformé. L’école de la Socialisation actuelle met l’accent sur une nouvelle citoyenneté construite autour du principe du « vivre ensemble ». Le « vivre ensemble » suppose la tolérance vis-à-vis des différences et des particularités de toutes sortes (handicaps, préférences sexuelles, choix religieux). Il préconise la rencontre des diverses cultures et la reconnaissance de leur pluralité. Paradoxalement, c’est le métissage culturel qui se voit à présent érigé en valeur commune ! Le caractère pluraliste et tolérant de la nouvelle citoyenneté s’oppose à l’universalisme de la citoyenneté initiale basée sur l’affirmation des droits de l’homme et sur la construction de l’identité nationale. Constituer le « nous » signifiait que chacun accepte de s’identifier à un tout social qui le dépasse, qui l’oblige à se distancier de sa culture familiale, de son groupe ethnique, de son appartenance religieux, de son origine etc., qui le conduit à renoncer à une partie de son identité privée pour pouvoir s’intégrer dans l’espace public. Enfin la troisième mission de l’institution scolaire correspond à l’école de l’utilité. La préoccupation est ici plus pragmatique que dans le cas des deux autres pôles et répond à la logique instrumentale. L’école est censée préparer chacun à avoir un bon métier, à être compétent et efficace dans sa vie professionnelle et, si possible, à faire carrière. L’insertion socioprofessionnelle se joue via l’enjeu de l’acquisition de diplômes. Le pôle de l’Utilité jette un pont entre l’école et la sphère productive (les diplômes conduisant à différents types d’emploi et niveaux de revenus) et s’appuie pour cela sur un principe dur comme le roc, celui de la Méritocratie. Selon le principe de la méritocratie scolaire, chaque individu pourra accéder par l’ascenseur social à une meilleure position socio-professionnelle, à condition qu’il ait fait preuve de « mérites personnels ».

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Après un rappel des missions qui sont assignées à l’école, force est de reconnaitre que celle-ci a besoin d’être pacifiée, une stabilité pour jouer à bien ses missions. Partant, l’Etat qui a l’obligation de garantir une éducation de qualité et pour tous est interpellé à ce niveau. En fait, On comprend aisément que celui-ci doit créer les conditions favorables au bon déroulement des enseignement et des apprentissages.  Pour ce faire,  l’état doit d’abord respecter ses engagements, les accords réalistes et réalisables signés avec les syndicats d’enseignants précisément la matérialisation des accords et ne pas opter pour une politique de pourrissement, de dilatoire qui pourrait  déteindre sur de nouveaux fronts. Puis il doit ouvrir des négociations sérieuses et satisfaire la plateforme revendicative du syndicat des inspecteurs, car les mettre en valeur, c’est se mettre en valeur, mettre en valeur ses collaborateurs, publier et mettre en œuvre l’étude faite sur le système de rémunération des agents de la fonction publique.

Et enfin l’État doit régler la question des passerelles professionnelles (revoir les termes) car la prochaine bombe qui risque de paralyser l’école sera les passerelles professionnelles. Et à ce niveau, il doit aller dans le sens de convier les syndicats autour de la table de négociation pour évacuer cette affaire et non d’essayer de jouer au plus malin. Il faut dans ce cas revoir les termes de référence c’est-à-dire les textes qui régissent les passerelles à savoir les décrets 2011-627 et le décret 2017-1509.

A l’origine, l’idée était de permettre aux professeurs de collèges d’enseignement moyen (PCEMG) et les professeurs de l’enseignement moyen (PEM) non titulaires de diplômes académiques de devenir tour à tour le premier professeur de l’enseignement moyen (PEM) et le second professeur d’enseignement secondaire (PES). Il s’agit en effet d’une mobilité verticale qu’il faudra différencier de mobilité horizontale et de mobilité circulaire. C’est comme à l’image du préscolaire et de l’élémentaire où les enseignants auront la possibilité de quitter le statut d’instituteur adjoint pour devenir instituteur plein (CAP). C’est en quelque sorte l’expérience qui joue un rôle déterminant à ce niveau, car l’idée est de permettre à ces milliers de professeurs non titulaires de diplômes académiques de pouvoir progresser dans la hiérarchie. Toutefois, faut-il le rappeler, on note deux volets dans les passerelles professionnelles. Le premier volet est déjà réglé, reste maintenant le deuxième volet. Et à ce niveau également, le gouvernement a commis une injustice quant à l’application du volet 1, car avant de régler la question des non diplômés, à mon avis, il fallait d’abord régler le problème des titulaires de diplômes académiques.

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Bouna NDAO (Bourjolof)

Enseignant-Formateur

Spécialiste en sciences de l’éducation

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