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TECHNIQUE DE LA DISSERTATION LITTÉRAIRE : LA RÉDACTION DU DÉVELOPPEMENT

TECHNIQUE DE LA DISSERTATION LITTÉRAIRE :

LA RÉDACTION DU DÉVELOPPEMENT.

Voici un sujet (à l’image du  »bac de l’UEMOA »)
« Tant qu’il y aura sur cette terre misère et ignorance, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles » écrivait Victor Hugo dans la préface de son célèbre roman intitulé  »Les Misérables » (1862).
Vous montrerez d’abord tout l’intérêt sur lequel repose une littérature engagée pour donner raison à Hugo et à tous ceux qui s’acharnent comme lui à faire éloigner du monde la misère humaine. Néanmoins, n’oubliez pas d’émettre ensuite des réserves car il en existe d’autres, plus personnalisées, n’ayant rien à voir avec l’engagement, et pourtant toutes aussi utiles au lecteur en général, à l’écrivain en particulier.

Proposition de plan (notre feuille de route)

I. Dans quelle mesure l’activité créatrice romanesque s’avère-t-elle d’une grande utilité contre la misère humaine ?
1. Le romantisme engagé (engagement social)
Exemple : V. Hugo, Les Misérables (1862)
2. La négritude (les romans de contestation)
Exemple : F. Oyono, Une vie de boy (1956)

II. Où l’utilité d’autres oeuvres artistiques se situe-t-elle, même si leurs auteurs ne sont pas engagés ?
1. Dans un lyrisme qui sert de consolation et d’exploration de soi (lyrisme romantique et surréaliste)
2. Dans la signification donnée aux objets qui nous sont familiers familiers (symbolisme)

LE PARAGRAPHE
Il existe plusieurs types de paragraphe argumentatif ; à bien regarder celui que j’envisage de proposer (plus habituel, moins complexe, très simple et rigoureux), on peut s’en inspirer pour définir ce qu’est un développement ; en effet, il s’agit d’un ensemble de paragraphes solidaires (les petits 1 et les petits 2). Cela suppose que savoir construire un bon paragraphe, c’est pouvoir bâtir tout le développement.
Apprenons donc à construire un bon paragraphe en en explorant les arcanes, c’est-à-dire les différentes séquences successives qui l’élèvent.
Comme prétexte, je reproduis une lettre que Khady adresse à Souleymane.

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Souley
J’ai pris la décision irrévocable de te quitter en mettant un terme à notre houleuse relation. Je me demande encore par quelle prouesse je suis parvenue à rester aussi longtemps avec toi ; en tout cas, Dieu sait que j’ai tout supporté : tes mauvaises humeurs habituelles, tes crises de jalousie insensées, ton absentéisme auprès de moi, même tes constantes promesses non tenues,… Mais ce que je ne peux vraiment pas tolérer, un comportement qui ne se justifie pas du tout devant moi qui t’offre un coeur pur sur un plateau d’argent, une attitude diamétralement opposée à tout l’amour que je t’avais voué, c’est l’infidélité. Pour énième preuve, hier soir, jour du 31 décembre, sous prétexte d’un mal de tête, (ne nie surtout pas) tu m’avais dit que tu allais au lit ; et pourtant, ma copine Christine t’a aperçu, bras dessus, bras dessous, en galante compagnie avec cette traînée de Tima. En un mot, entre toi et moi, c’est de l’histoire ancienne, une page définitivement tournée ; surtout, ne reviens ni pour te justifier ni pour t’excuser. Adieu !
Dykha.

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Cette lettre s’articule autour de trois (3) ou quatre (4) mouvements :

√ Une raison qui justifie une opinion de départ : la rupture de la relation décidée par Khady (du début à  »… relation »).

√ Une argumentation consolidée par des idées qui justifient chaque propos avancé dans la direction de l’intention de départ : le temps passé à supporter et ce qui a fait déborder le vase (de  »Je me demande encore… » à  »… l’infidélité »).

√ Un exemple à l’appui qui apporte une preuve tangible comme s’il s’agissait d’une pièce à convictions (de « Pour énième preuve… » à la fin.

√ Une déduction en rapport avec l’opinion : la décision irréversible de quitter Souleymane (de  »En un mot… » à la fin).

Ce sont les trois ou quatre principales séquences successives d’un paragraphe harmonieux :

1) L’idée directrice d’abord,
2) L’argumentation ensuite,
3) L’illustration enfin.
4) La conclusion partielle aussi (exigée par certains)

Prenons au hasard un paragraphe quelconque du plan préfabriqué pour en faire un développement harmonieusement structuré : par exemple, pour ce qui s’agit du sujet proposé, choisissons le premier paragraphe de la première partie (I. 1 : le romantisme engagé).

√ MODÈLE DE PARAGRAPHE :

Il y a des romanciers dont l’activité créatrice artistique se consacre entièrement à la lutte contre la misère humaine. En effet, rien qu’avec des mots et grâce à des récits (réels ou fictifs), l’écrivain parvient à exprimer et à susciter un profond sentiment de désarroi, d’effroi universel, de pitié unanime, envers les pauvres gens. Pourtant, ceux-ci n’ont rien fait pour qu’à leur égard, on manque de considération (de la part de l’État et ses lois), qu’on fasse preuve de manque solidarité (de la part des semblables) ou d’irresponsabilité (de la part des plus proches). L’ascension sociale ne devrait pas l’emporter sur notre humanité au point de creuser un fossé entre les hommes qui les éloignent les uns des autres. C’est pour toutes ces raisons que la plume de l’écrivain se transforme majestueusement en arme au poing pour tirer à boulets rouges sur tous les promoteurs (directs ou indirects, par leurs actes inhumains ou par leur indifférence notoire) de ce qui constitue la misère sociale. En guise d’illustration, cette oeuvre romanesque de Victor Hugo au titre déjà assez évocateur répond à cette intention, surtout lorsque le lecteur se penche sur le sort de cette mère (Fantine) qui a du mal à nourrir son enfant (Cosette) et qui trouve le bras tendu d’un bagnard (Jean Valjean), tous ployant sous le faix de la loi injustement en vigueur et dans toute sa rigueur, face à la complicité ou à l’inaction de la classe bourgeoise et moyenne. Somme toute, à travers une peinture sociale de son époque, un artiste se montre tout à fait capable d’agir sur les consciences et les mentalités pour faire de son oeuvre d’art un moyen de repousser davantage, et considérablement, la misère humaine dans ce bas-monde.

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On retrouve aisément les trois ou quatre séquences constitutives et successives qui articulent ce modèle de paragraphe :
√ Du début à  »… misère humaine » : l’idée directrice.
√ De  »En effet,… » à  »… misère sociale » : l’argumentation.
√ De  »En guise d’illustration… » à « … moyenne » : l’illustration.
√ De  »Somme toute,… » à la fin : la conclusion partie.

® L’idée directrice : c’est la première séquence qui annonce l’objectif du paragraphe à développer dans les lignes qui suivront.

® L’argumentation : c’est la deuxième séquence qui a tout l’air de répondre à la question  »pourquoi ». Elle donne l’occasion d’expliquer (du latin  »ex » = hors de, et  »plicare » = plier) par une logique de construction des idées articulées par des connecteurs logiques ou encore des expressions de transition. Elle est aussi volumineuse que les deux autres séquences réunies, puisqu’on y mobilise les arguments, les connaissances littéraires capables de convaincre de la véracité des propos émis et en rapport avec le sujet. Par ailleurs, le texte produit n’est ni descriptif (d’un portrait ou d’un lieu) ni narratif (d’un événement ou d’un fait divers), encore moins injonctif (d’un conseil, d’un ordre).

Attention ! Évitez à tout prix les digressions ; tous les propos émis doivent tendre vers la démonstration de la partie concernée. Cette maladresse, je la surnomme  »dissertation tigadégué ». Mdr !

J’entends par cette expression un devoir où l’élève veut tout dire de ce qu’il sait du romantisme par exemple, même du lyrisme.

Cet élève est à l’image de cette femme (Bineta Sène) à qui le mari (Daouda Ndiaye) remet 10.000 francs comme dépense quotidienne parce qu’il n’a pas de menues monnaies. Logiquement, Daouda attend de recevoir sa monnaie, surtout qu’il doit voyager dans l’après-midi. Il lui précise au passage qu’il voudrait manger du bon  »thièbou djeun » à treize heures. Personnellement, je ne m’y connais pas du tout en activité culinaire (cuisine), mais ce dont je suis sûr, c’est que le  »tigadégué », cette fameuse pâte d’arachides, n’entre pas dans le plat commandé par l’époux. Et je ne comprendrais pas du tout pour quelle raison, en se rendant au marché, Bineta Sène s’approcherait du vendeur de  »tigadégué ». (Mdr !)

® L’exemple à l’appui : c’est la troisième séquence qui peut être de trois (3) natures différentes (une citation commentée, un texte connu commenté, la biographie d’un écrivain commentée). Quoi qu’il en soit, l’exemple devrait toujours s’accompagner d’un commentaire tuteur et parachevé par une conclusion partielle (d’une phrase seulement).

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® La conclusion partielle : c’est une séquence qui est une des réponses aux questions posées dans l’annonce du plan de l’introduction.

Veillez également au volume ou au pourcentage des séquences.
– 10% pour l’idée directrice.
– 60% pour l’argumentation.
– 20% pour l’illustration.
– 10% pour la conclusion partielle.

À votre tour, en guise d’exercice d’application, choisissez un autre paragraphe tel que élaboré dans le plan de départ et rédigez-en le développement solidement bâti sur le même procédé.

Issa Laye DIAW.
Donneur universel

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