Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Cheikh Oumar Anne n’est pas en phase avec les dispositions prises dans le décret n°2016-1805 relatif à l’orientation et à l’inscription des bacheliers dans les universités publiques et dans les établissements publics d’enseignement supérieur. En effet, le dispatching via la plateforme Campusen prive les jeunes bacheliers sénégalais du droit de bénéficier d’une meilleure orientation en rapport avec leurs aspirations. En réalité, la plateforme Campusen ne donne qu’un choix et un seul à chaque candidat quels que soient ses résultats. Ce qui est en nette contradiction avec l’article 7 du décret qui stipule que « les bacheliers sélectionnés sur plusieurs filières ont un délai de huit (08) jours à compter de la date de publication des listes pour faire leur option ». |
En vérité, alors que la fonctionnalité de la plateforme Campusen fait débat entre acteurs au point d’être qualifiée par le Syndicat autonome de l’Enseignement supérieur (Saes) de « boite noire », les agissements du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri) tendent à confortent certaines thèses tendant à parler d’un placement des 45 584 nouveaux bacheliers en lieu et place d’une orientation dans les universités publiques ou des établissements publics d’enseignement supérieur. L’Etat parle pour sa part d’une innovation en termes de procédure et d’équité où l’enfant du riche et celui du pauvre ont les mêmes chances d’accéder à une formation de leur convenance dans une université publique sénégalaise. Dans le cas d’espèce, le ministère met de même en avant un processus transparent dans les procédures de pré-inscription et d’inscription des nouveaux bacheliers alors qu’en réalité, les services de Cheikh Oumar Anne violent les dispositions du décret n°2016-1805 relatif à l’orientation et à l’inscription des bacheliers. Des acteurs éducatifs n’ont pas en effet manqué de relever une violation flagrante d’un système permettant d’harmoniser les pratiques en matière d’orientation. En effet, en plus des dysfonctionnements notés cette année, la procédure mise en place prive les jeunes bacheliers sénégalais du droit de bénéficier d’une meilleure orientation en rapport avec leurs aspirations. Le décret en son article 7 stipule que « les bacheliers sélectionnés sur plusieurs filières ont un délai de huit (08) jours à compter de la date de publication des listes pour faire leur option ». Qui plus est, la Direction générale de l’Enseignement supérieur (Dges) dirigée par le Pr Abdoul Sow n’offre en réalité qu’une seule et unique possibilité au bachelier au risque de perdre son droit d’être orienté. Autrement dit, on ne laisse pas à l’étudiant la possibilité de choisir la faculté finale de destination. La plateforme Campusen ne donne qu’un choix et un seul à chaque candidat quels que soient ses résultats. Ce qui est en porte-à-faux avec le décret permettant au bachelier de voir d’abord toutes les universités dans lesquelles il a été retenu et, in fine, choisir là où il veut aller. Ainsi, le bachelier devra s’acquitter, selon l’article 8 du décret, des droits d’inscription dans les délais requis auprès des prestataires agréés. Autre chape de plomb, dans la plateforme, le bachelier est loin de connaître son classement pour chaque filière choisie, filière pour laquelle des critères pédagogiques ont été fixés par les instances compétentes de l’université ou de l’établissement public d’enseignement supérieur. Alors, toute la question est de savoir quelle est la pertinence du nombre de choix (18) imposé aux bacheliers, si ce n’est que pour permettre à l’étudiant d’être orienté à son meilleur classement, serait-on tenté de se demander. Qu’à cela ne tienne ! Les services du ministère font fi de toutes ces dispositions prises dans le décret pour procéder à une répartition tendancieuse des étudiants dans les universités. « Le Bachelier, c’est lui qui fait les choix, mais en réalité ce n’est que dans la forme. Dans le fond, il n’a pas son mot à dire. Il finit donc par se contenter (au mieux) d’un rôle de spectateur. Il ne choisit plus, il subit », soutenait Bara Diaw, responsable éditorial du groupe Info Etudes. Toute chose qui a vraisemblablement fini par pousser le Saes à réclamer l’audit technique de la plateforme d’orientation Campusen qu’il qualifie de « boite noire », dans le but de promouvoir l’équité du système et le respect des franchises et libertés universitaires. |