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Lycée Scientifique d’Excellence de Diourbel – Des conditions d’études misérables

Le président de la République, dans son discours à la Nation, a prononcé les paroles suivantes : «Il n’y a pas de meilleur viatique que l’éducation et la formation de qualité pour préparer notre jeunesse à dominer l’adversité et baliser la voie de la réussite. C’est l’exemple que nous donne le Lycée scientifique d’excellence de Diourbel (Lsed), dont je suis fier des premières performances.» Mais sait-il réellement dans quelles conditions ces résultats sont obtenus ? Quand il cite ce lycée dans un moment aussi solennel, c’est qu’il a de l’importance à ses yeux et il serait bien qu’il diversifie ses sources d’information pour avoir une idée plus juste de ce projet qui lui tient à cœur, ou y fasse un tour pour s’enquérir des conditions de vie des élèves et des enseignants dans ce trou perdu de Diourbel.
Ouvert dans la précipitation la plus spectaculaire, après une communication médiatique séduisante qui fait rêver, mais finalement dolosive, le Lycée scientifique d’excellence de Diourbel (Lsed) est de loin moins bien loti que son nom élogieux laisse paraître. Construit à Diourbel et plus précisément à Patar, ce lycée qui accueille les meilleurs élèves du Sénégal qui ont bien voulu faire le concours sur la base d’arguments motivants du ministère de l’Education nationale est une vraie déception et pour les élèves et pour les parents.
Les conditions très sélectives pour passer le concours avaient fini par installer dans la tête de chaque élève et de chaque parent que le Lsed est un lycée d’exception, une école d’élite où les élèves seraient dans des conditions exceptionnelles d’études, dans un environnement et un cadre de vie encore inexistants dans un lycée au Sénégal et avec un encadrement scientifique d’une rare qualité. En effet, pour passer ce concours, les élèves admis d’office suite à l’examen du Bfem doivent avoir au moins une moyenne de 15/20 dans chaque matière scientifique en 4è et en 3è, et avoir une moyenne générale au moins égale à 14/20 dans ces deux classes. Quand mê­me, le concours accueille plus de trois cent quarante-cinq (345) élèves (et vraiment bravo à eux tous et félicitations à leurs parents et à leurs enseignants) parmi lesquels soixante (60) sont retenus pour accéder à ce lycée.
A l’issue de ce concours très sélectif, les meilleurs qui sont retenus ne sont en rien récompensés, même le plus petit stylo ne leur est offert. La seule chose dont ils bénéficient est une bourse de 25 mille par mois (non encore perçue par les nouveaux). Mais cette bourse vaut-elle tous les sacrifices ? Le lycée, situé au milieu de nulle part et construit dans un très large domaine, ne dispose pas de clôture sécurisée, le mur est trop bas, il n’y existe pas de portail d’entrée, on y entre comme dans n’importe quel village du Sénégal, et les bâtiments sont accessibles par n’importe qui et n’importe quoi, de chaque partie de ce grand espace. Les herbes sont encore hautes et beaucoup de bâtiments et infrastructures sportives parmi lesquels le restaurant, les terrains de foot et de basket ne sont pas encore prêts. L’Admi­nistration est obligée de recourir au Crésyl pour préserver les bâtiments des reptiles éventuels. Le lycée manque d’eau courante, les élèves de l’année dernière, donc de la première promotion, ont dû aller puiser de l’eau comme des villageois pour leurs besoins en ce liquide précieux.
Fort heureusement, l’inspecteur d’académie a pris la mesure salutaire de doter les chambres en bouteilles d’eau minérale, le temps que la Sde puisse faire le raccordement. A ce jour, c’est la Sde qui ravitaille quotidiennement ce lycée alors qu’il aurait fallu que l’Ofor y construise juste un château d’eau. Les toilettes sont dans un état lamentable et indescriptible à cause du manque d’eau. Au niveau des dortoirs, la qualité de la boiserie est très limite, voire désolante, les matelas sont de très mauvaise qualité et peuvent impacter la structure squelettique des enfants. Tous les spécialistes s’accordent sur la nécessité d’un bon sommeil pour une meilleure forme physique et mentale de l’être humain. Les toilettes sont dotées de chaises turques pour des enfants qui sont, pour la plupart, habitués à la chaise anglaise depuis la naissance.
La direction de la Construction scolaire doit veiller aux matériaux fournis et installés, au risque de devoir reprendre certaines installations au bout de 2 ou 3 ans. Le lycée dispose d’une salle informatique qui n’est pas fonctionnelle depuis deux (2) ans, la connexion internet est inexistante et encore pis, ne dispose pas de professeur en informatique. Au niveau académique, l’espagnol est l’unique 2ème langue qui y est enseignée. Les élèves qui ont fait l’arabe depuis la sixième sont du coup handicapés dès le départ et deviennent de grands débutants face aux autres qui ont eu la chance de faire l’espagnol depuis la 4ème. Cerise sur le gâteau, l’Administration de l’école, par la voix du proviseur, a informé les parents de l’insuffisance du budget pour la restauration. C’est ahurissant ! Non seulement les élèves ont été abusés sur la qualité de vie dans l’établissement, mais risquent d’être affamés. Les parents sont obligés d’acheminer régulièrement de la nourriture, de l’eau minérale et des fruits à leurs enfants.
Le ministère ne lui a consenti qu’un budget de 42 millions pour 165 personnes à nourrir 7 jours/7 avec trois (3) repas par jour. C’est inadmissible, insensé et révoltant. Un calcul rapide donne un montant de moins de 350 francs par personne par jour. Ces enfants ont entre 15 ans et 17 ans, donc à une période de leur vie où ils doivent bien s’alimenter et faire beaucoup de sport, ne pas les nourrir suffisamment est une violence. On a l’impression que ces élèves ont été extirpés de leur lycée d’origine pour être sanctionnés, punis, et à la limite martyrisés. Ils travaillent sous une pression intenable à cause du défi d’excellence scientifique que veut relever le président de la République, une bonne chose soit dit en passant, mais il faut des conditions optimales de vie afin de faciliter l’obtention des résultats attendus. Il faut avoir les moyens de ses ambitions. Dans tout pays qui se respecte, une école d’excellence est une école dont les conditions des apprenants ne sont nulle part ailleurs égalées, une école où chaque élève rêve d’étudier.
A l’instar des lycées comme Mariama Ba, le Prytanée militaire, Thierno Saïdou Nourou Tall, etc., le Lsed devrait être le plus couru du Sénégal. L’excellence ne doit pas se limiter à donner une bourse aux élèves et à leur garantir un bon niveau scientifique. Une bonne alimentation, la dotation de tablettes ou d’ordinateurs personnels, l’aménagement des aires de jeux, un espace de détente, etc. sont un minimum. Le proviseur, malgré toute sa volonté, ne peut que faire remonter des doléances à la hiérarchie. A sa place, j’aurai jeté l’éponge pour ne pas porter tout ce stress et cette lourde responsabilité de gérer les enfants d’autrui dans ces conditions déplorables. Le ministre de l’Education nationale a une très lourde responsabilité dans l’ouverture de ce lycée qui n’était d’aucune urgence.
Il est temps d’en finir avec les slogans jamais déclinés en actes, il faut un peu plus de rigueur et de volonté dans la gestion des établissements publics et dans tous les secteurs d’ailleurs pour sortir ce pays de sa léthargie. Je me demande aussi et enfin si le Premier ministre, qui a ouvert sa Dpg avec l’Education, est au courant de ce qui se passe au Lsed. Il serait bien qu’il y fasse un tour. Si rien n’est fait pour corriger ces manquements inédits, ces pauvres enfants, déjà excellents avant d’arriver dans ce lycée, risquent de produire des résultats décevants dans l’ensemble, mais courent des risques pour leur santé physique et mentale (surmenage, mauvaise alimentation, etc.).
Un parent déçu

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Source : lequotidien.sn

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