J’ai obtenu mon baccalauréat après des nuits de veille, des journées de réflexion. J’ai travaillé dur. J’ai mis tous les atouts de mon côté pour réussir à m’ouvrir les portes de l’université.
En 2018 quand je suis admis d’office, j’ai jubilé, j’ai crié de toutes mes forces. Je me suis dit « Tekki na » (j’ai réussi). A cet instant, un seul sentiment m’animait : la fierté.
J’ai voulu voir le temps passer si vite. J’ai passé d’excellentes vacances à cogiter, à préparer mes premiers pas à l’université de mes rêves. J’ai cru que Bac égal boulot.
Je savourais mon statut de nouveau bachelier. Je contemplais tous les matins la verdure du village. Je regardais passionnément le bétail de mon lointain Fouta en disant tout bas : Bientôt je serai à Dakar.
Cheikh Anta Diop est mon intellectuel préféré, l’UCAD est mon choix.
Des mois après, le temple du savoir m’a reçu. Le premier jour, j’y suis allé avec une migraine car j’ai veillé toute la nuit à cause de ma terrible impatience.
J’ai vite compris qu’il fallait serrer les dents et travailler dur. Au lieu du bol familial bien entouré, je devais faire la queue pendant des minutes pour accéder au restaurant. Le gout importe peu, l’essentiel est de se mettre quelque chose sous la dent.
J’avais l’habitude d’être à proximité de mon enseignant et maintenant, je ne peux plus l’apercevoir. Nous sommes des milliers dans un amphithéâtre chaud, bruyant et bouillant. Le passage d’élève à étudiant est si délicat pour moi. Un univers tout à fait nouveau. Un encadrement différent.
Je me demande de plus en plus, comment est-ce que je pourrai m’en sortir dans ma nouvelle posture, dans mon habit d’étudiant.