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Honneur à la profession enseignante (Par Daouda Mané)

Institué par décret présidentiel n°2017-601 (ce qui est une première dans l’histoire du Sénégal), le Grand prix du Chef de l’Etat pour l’enseignant vient de connaître son lauréat en la personne de Assane Ndiaye. Cette distinction s’inscrit dans la revalorisation de la fonction enseignante et la matérialisation de la reconnaissance de la Nation envers ces soldats du savoir, à savoir les enseignants. Il est venu au bon moment, et même peut-être tardivement. Car nul n’ignore que cette profession, comme du reste la plupart des fonctions au Sénégal, a perdu de sa superbe. Il n’est point question, ici, de revenir sur les causes connues de tous. Mais, l’enseignant a perdu l’image qu’on avait de lui. Il était un homme de sacerdoce et non de sinécure, un patriote, un homme cultivé, un éducateur hors pair veillant sur ses élèves à l’école et dans la rue. C’est parce qu’il était bien formé.

« Des indépendances jusque dans les années 1970, les écoles primaires, celles qui comptaient 6 classes ou plus, avaient en général comme directeurs des sortants de la prestigieuse Ecole normale William Ponty. Ils avaient sous leur responsabilité des adjoints formés, pour l’essentiel, dans les Centres de formation pédagogique permanents à Saint-Louis, Thiès, Kaolack et Dakar avec, comme directeurs, de brillants instituteurs, eux aussi des produits de l’Ecole normale William Ponty. Ces structures de formation étaient dotées de centres de documentation bien fournis et démarraient en octobre pour fermer en juin. Les stagiaires sortaient avec la partie théorique du Certificat élémentaire d’aptitude pédagogique (Ceap) et étaient affectés sur l’ensemble du territoire national. Avant la fin de l’année scolaire, ils recevaient l’inspecteur de l’enseignement primaire qui leur passait la partie pratique et orale pour l’obtention définitive du Ceap. Les nantis de ce premier diplôme professionnel étaient titularisés dans le corps des instituteurs adjoints. Pour accéder au corps des instituteurs (titulaires), ils devaient se présenter, 7 ans après, à l’écrit du Certificat d’aptitude pédagogique (Cap). En cas d’admissibilité à l’écrit et d’admission définitive après avoir passé la partie pratique et orale, ils étaient titularisés instituteurs.

En 1972, sont créées des Ecoles normales régionales qui formaient, en quatre ans, d’excellents instituteurs. Ils sortaient avec le Brevet supérieur d’études normales (Bsen) et empochaient le Cap après avoir passé, avec succès, la pratique et l’oral au cours de l’année scolaire suivante », expliquait l’enseignant Mody Niang dans une contribution parue dans Sud Online. Autrement dit, les enseignants bien formés et conscients de leur responsabilité sont la clé de voûte de tous les systèmes éducatifs performants. L’enseignement est une profession qui s’apprend et s’améliore au fil du temps. La formation initiale doit être suivie d’une formation continue.

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Jusqu’à la fin des années 1980, quel élève ne rêvait d’être enseignant ? La profession attirait les jeunes, parce que marqués par la culture, le comportement exemplaire, citoyen surtout, de leurs maîtres. C’était la belle époque. Celle de la vocation et du rayonnement qui dépassait les frontières du pays.

Ce sont toutes ces qualités que ce Grand prix cherche, sans doute, à susciter en ciblant particulièrement l’enseignant « craie en main », c’est-à-dire qui exerce encore dans les classes et dans le public qui, faudrait-il le rappeler, est presque relevé au second plan dans le choix des parents, élèves et étudiants. Tout le contraire des 30 dernières années où le privé ne recevait que « les déchets ». Seulement, le choix ne se porte pas sur n’importe quel enseignant. Mais, sur celui-là qui totalise « au moins 10 ans d’expérience et dont les qualités humaines et professionnelles, le dévouement au travail et l’exemplarité dans l’exercice de son métier et dans son comportement au sein de l’école et de la communauté méritent d’être loués et portés  à la connaissance de tous », disait le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam.

C’est certain que le choix du jury n’a pas été facile. En effet, 385 dossiers ont été enregistrés, 177 transférés aux comités départementaux qui, à leur tour, ont sélectionné et transmis au comité régional 114 dossiers. Les comités régionaux, après avoir effectué le même travail, ont retenu 37 dossiers transmis au jury national. Et là, 21 dossiers ont été retenus. Le jury national, composé de 33 membres et présidé par l’expérimenté ancien ministre de l’Education nationale et actuel directeur des Cours Sainte Marie de Hann, André Sonko, s’est réuni dans un lieu tenu secret et a finalement retenu les trois nominés.

Point de doute sur le choix de ce jury, car André Sonko est d’une probité morale et intellectuelle qui ne souffre d’aucune suspicion. Les membres de son jury également. Leur choix ne peut qu’être approuvé par les autorités. Et tous les enseignants, à travers le lauréat, peuvent être fiers que leur profession tant décriée soit, aujourd’hui, reconnue comme la première clé du développement. Que nous soyons médecin, journaliste, président, ministre, ingénieur, magistrat…, nous sommes tous passés entre les mains de nos vaillants enseignants, notamment du public. Honorons-les donc comme l’a fait le Chef de l’Etat, Macky Sall. En magnifiant le rôle fondamental du corps enseignant dans la formation des citoyens, notre système éducatif ne peut qu’être excellent.

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