- Plusieurs universités françaises viennent d’annoncer leur refus d’appliquer la hausse des frais d’inscription prévue pour les étudiants étrangers.
- Le gouvernement souhaite faire passer les frais d’entrée de 170 à 1.770 euros pour tous les étudiants extra-Européens souhaitant intégrer une licence.
- Les universités de Clermont-Ferrand, Lyon 2, Aix-Marseille, Jean-Jaurès à Toulouse ou encore Rennes 2 ont fait savoir qu’elles n’appliqueraient pas cette hausse.
Clermont-Ferrand, puis Lyon 2, Aix-Marseille, Jean-Jaurès à Toulouse ou encore Rennes 2. Depuis quelques jours, des universités françaises expriment leur opposition à la hausse des frais d’inscription imposée aux étudiants étrangers.
Annoncée en novembre par le gouvernement, cette hausse importante doit s’appliquer aux jeunes extra-Européens dès la rentrée 2019. Alors qu’ils versaient jusqu’ici 170 euros en licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat, les étrangers vont voir le ticket d’entrée flamber : 2.770 euros en licence et 3.770 euros pour les masters et doctorats.
Une décision qui a suscité la colère de plusieurs conseils d’administration d’universités, qui annoncent leur refus d’appliquer cette hausse, ou vont « tout faire » pour ne pas l’appliquer. « Cela remet en cause le principe d’une université française ouverte à toutes et tous », estime l’université Lumière Lyon 2 dans un communiqué.
« Ni pertinente, ni juste »
La présidence de la fac estime que « l’augmentation des droits d’inscription ne paraît ni pertinente, ni juste car elle concerne des étudiants parmi les plus fragiles ». Un constat partagé par Rennes 2 qui insiste sur « la nécessité d’une réflexion approfondie sur les questions liées à l’accueil des étudiants étrangers ».
Le gouvernement s’est expliqué, précisant que les nouveaux frais d’inscription ne couvraient « qu’un tiers du coût réel ». Et même annoncé un triplement des bourses à destination des nations les moins aisées comme celles du Maghreb ou de l’Afrique francophone. Insuffisant pour calmer ces universités et les syndicats étudiants, qui sont vent debout contre cette hausse. « Le gouvernement dit que les universités peuvent appliquer cette hausse ou pas. Mais les universités qui n’ont pas les moyens risquent de ne pas avoir le choix », a déclaré à 20 Minutes Mélanie Luce, la future présidente de l’Unef.
Un «devoir d’obéissance et de loyauté» selon la ministre
Leur crainte ? Que des étudiants « doivent renoncer à leurs projets de formation en France en raison du niveau des frais d’inscription », poursuit l’université Lumière. Peuvent-elles pour autant refuser ? L’Unef maintient que oui. Interrogée à ce sujet devant le Sénat ce mercredi, la ministre de l’Enseignement supérieur Frédériqu Vidal s’est montrée plus ferme. «Les universités sont des établissements publics opérateurs de l’État. Les présidents sont fonctionnaires. Il est très important qu’ils portent les politiques publiques décidées par l’État», a répondu la ministre évoquant le «devoir d’obéissance et de loyauté» des personnels.
La France a accueilli 343.000 étudiants étrangers (Européens compris), selon l’agence Campus France, ce qui place l’Hexagone en quatrième position derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. Selon l’agence publique, l’accueil des étudiants étrangers coûte chaque année trois milliards d’euros par an à la France mais rapporte 4,65 milliards d’euros.