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 Fatou Diome la noire de l’Alsace  

Elle vit parmi à Strasbourg parmi les Blancs les anciens colonisateurs. Elle n’est pas complexée, elle les regarde les yeux dans les yeux. Les regards méprisants, racistes et discriminatoires ne l’effraient guère.Fatou Diom en vraie « guélawar » a le courage de ses idées .Elle les couche sur du papier ou les défend devant les caméras sous le feu des projecteurs avec tact et sans tract. Son raisonnement est toujours correct, le visage serein, sur ses yeux, se lit une détermination hors du commun à rétablir la vérité. Une vérité historique écrite par des vainqueurs selon les intérêts de l’heure. « Je suis là pour gâcher le sommeil des puissants » disait l’écrivaine lors d’un entretien avec Latifa Madani du journal Humanité. Dans cette entrevue la sénégalaise fustigeait le pillage des ressources des pays du Sud par les « riches» avec cette phrase choc : « Arrêtez l’hypocrisie, on sera riche ensemble ou on va se noyer tous ensemble».

La native de Niodior a une histoire atypique .Elle est née en 1968 dans le delta du Saloum au Sud ouest du Sénégal .Fatou Diome est élevée par sa grand-mère .A treize ans , elle quitte son village pour aller poursuivre ses études dans d’autres villes du Sénégal tout en finançant cette vie nomade par de petits boulots : elle va au lycée de Mbour , travaille comme bonne en Gambie et finit par entamer des études universitaires à Dakar .

A 22 ans, elle se marie avec un français et décide de le suivre en France mais elle divorce deux ans après .En 1994 , elle s’installe en Alsace et poursuit ses études à l’Université de Strasbourg.

En septembre 2004 , la chaine française de télévision lui propose de présenter l’émission nuit blanche , un rendez vous culturel à dominance littéraire. Très engagée et déterminée à redorer le blason du continent noir , elle sensibilise les jeunes africains qui considèrent l’occident comme un véritable eldorado par le truchement de son premier roman le ventre de l’atlantique publié en 2003.

Ce roman met en scène les rêves d’émigration des jeunes sénégalais .Il a une dimension autobiographique, les lieux : son Niodior natal et l’Alsace ainsi que la vie de la narratrice coïncidant avec ce que l’on sait de la vie de l’auteur.

De par la pertinence des thèmes développés dans ses différents œuvres, Fatou Diome est très respectée dans le monde des arts et des lettres .Elle a reçu plusieurs distinctions dont le prix « Liberaturpreis » en octobre 2005 à Franckfort.Cette œuvre a aussi reçu en 2003 le prix des Hémisphères Chantal Lapicques.

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Cet infatigable défenseur de l’Afrique a encore séduit son monde par la pertinence de sa réponse à Marine Le Pen le 22 mars dernier.

Au micro de Mouloud Achour, elle déclarait avec conviction « je n’ai pas peur d’elle, c’est elle qui a peur de moi. Vous savez le rejet a toujours peur de l’amour. L’amour est plus fort que la haine et la culture est toujours plus forte que l’ignorance .Je crois en une France lumineuse qui se battra toujours pour ses valeurs parce que c’est pour ça que je la respecte. » . La confiance et le cran, elle les dégage

En 2017, elle a publié un essai intitulé Marianne porte plainte. La digne héritière des Mariama Ba, Mame Younousse Dieng et Aminata Sow Fall envoie un message fort aux jeunes du continent : « dans le désert, on peut toujours tomber sur une oasis. ».

               Celles qui attendent, l’hommage à la femme

Dans cette œuvre publiée en 2010, Fatou Diome critique l’Europe qui selon elle instrumentalise l’Afrique depuis des années. Elle condamne la pérennité de ce mythe absurde qui pousse tant de jeunes gens à se jeter à la mer, renonçant à toute foi en leur propre pays. C’est également le sort indigne réservé aux femmes que dénonce l’auteur. Des femmes soumises absolument aux hommes, aux règles de la polygamie, dont les envies sont « niées, méprisées, qu’un traditionalisme délétère condamne à un travail de bête jamais gratifié, à la crainte des coépouses, à la solitude ».

D’une plume riche et précise, qui parfois s’emporte sous le poids de l’indignation, sous laquelle fleurissent çà et là les images d’une nature indifférente, belle et calme, Fatou Diome livre un hymne aux femmes.

Par le prisme de l’émigration, elle montre également la capacité des femmes de gérer le foyer malgré l’incertitude qui entoure le retour des hommes à la quête d’un avenir meilleur loin du continent africain

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