Pourquoi veulent-ils à tout prix quitter leur pays natal pour aller en Europe, aux Etats-Unis, en Asie. Ces jeunes sénégalais en partant des étudiants pour arriver aux professionnels animent inlassablement leurs discussions par ces propos : « partir, voyager… ». Ils veulent avoir de l’argent ; ils souhaitent aider leurs parents ; ils désirent prendre une femme. La plupart des jeunes sénégalais vivent dans le désespoir et ne veulent plus entendre ce fameux proverbe « l’espoir fait vivre ».
Des diplômes, ils en ont et qui d’ailleurs sont bien rangés dans les tiroirs. Un métier, ils en ont et le font très bien. Cependant, ils désirent ardemment aller vers les terres bénies ou les paradis terrestres.
Ndiaye, un maçon dépourvu de tout espoir de réussir dans ce pays passe presque tout son temps à se lamenter de son sort. A son avis, le Sénégal est un pays dans lequel pousse l’arbre de la difficulté. Ce pays va mal pour moi et mes amis car nous ne pouvons même pas résoudre nos problèmes financiers si minimes qu’ils soient comparés aux sénégalais qui sont à l’extérieur. Je veux être riche ; je veux avoir une belle maison. J’ai 35 ans et je suis toujours célibataire.
Ces jeunes sénégalais ne se lassent plus de dire qu’ils ne peuvent plus vivre dans cette situation délicate. Ils ont honte de ne pas pouvoir être ceux qui viennent en aide à leurs parents. Ils sont désespérés et déboussolés, dire qu’ils sont blasés serait une très bonne description. Les étudiants viennent gonflés le nombre des désespérés. En effet, ils quittent massivement le pays chaque année pour aller continuer leurs études dans les pays européens principalement la France. Ils préfèrent y rester et trouver un travail bien rémunéré que de rester ici à faire des kilomètres pour des concours. Le concours de CREM en est l’exemple pertinent. Des étudiants qui ont le diplôme du Master se ruent vers ledit concours. Il s’agit bien là un désespoir. Chacun cherche une issu pour partir, sortir et bien sûr voyager. La principale raison est tout simplement le système éducatif qui, selon certains étudiants, est loin d’être performant ; il est jonché de problèmes persistants. Beaucoup d’entre eux n’ont plus envie d’apprendre étant donné qu’ils se retrouvent parfois avec 0 crédit dans l’un des semestres. Et pourtant, ils se sont donnés de la peine pour avoir le baccalauréat tout en ayant la forte conviction qu’ils réussiront une fois à l’université. Les étudiants ne lisent plus car le goût sucré de l’apprentissage est devenu amer. Il est très clair que la plupart des chômeurs viennent des universités publiques sénégalaises. Et pourtant ils ont remué terre et ciel pour avoir des diplômes.
Somme toute, il est très clair que le Sénégal est en train de perdre sa main-d’œuvre, sa jeunesse, ses futurs intellectuels. De telles pertes engendreront un recul du pays sur le plan de l’intellect et du savoir-faire. La jeunesse est synonyme de force, de puissance et de rigueur. Tout pays qui néglige continuellement sa jeunesse est un pays aveugle.
Issa DIOP