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Sénégal : apprentissages et précarité sociale!

La pauvreté est un cercle vicieux: une difficulté en entraîne souvent une ou plusieurs autres, ce qui peut compromettre les études et le projet d’avenir des jeunes. 

Quelles sont les chances de réussir sa scolarité, sa vie sociale, familiale, amicale, la confiance en soi? Comment trouver cette confiance si personne ne vous la donne? Comment se lancer dans des études, quand tout vous rappelle que vous êtes trop pauvre pour étudier, pas assez malin pour intégrer l’université et vous insérer dans la société? Aujourd’hui, être pauvre, c’est se sentir coupable et incapable. La pauvreté est chassée, contrôlée, cachée. La menace plane en permanence et rares sont ceux qui en sortent indemnes. Cette méfiance ambiante influe directement sur la confiance et l’estime de soi des personnes qui en sont les victimes, comme les étudiants et apprenants.

Pour les étudiants précaires, l’accès aux études et la réussite d’une formation sont entravés par les conditions de vie: famille en détresse, démarches administratives lourdes en matière de demande de bourses ou autres aides, manque de logement mais aussi, stress, job étudiant précarisant, risques d’endettement, santé détériorée, manque de confiance… Souvent une difficulté en entraine une ou plusieurs autres et nous pouvons à présent imaginer à quel point cela se répercute sur les études mettant à mal le projet d’avenir des jeunes. Bernard De Vos, Délégué général aux droits de l’enfant, écrivait: « À ce manque d’argent qu’on appelle ‘pauvreté’ s’ajoutent une série de difficultés, de stigmatisations et de discriminations qui plongent les familles pauvres et leurs enfants dans une spirale d’exclusions dont il est très difficile de se sortir. Les conséquences de la pauvreté sur l’égalité des chances ainsi que sur la construction identitaire des enfants des familles qu’elle frappe sont énormes. Les souffrances physiques et psychologiques qu’entraîne la pauvreté sont également loin d’être négligeables ». Nul doute que pour sortir l’apprenant de sa condition précaire, de grands changements devraient être opérés, à commencer par un changement de mentalité. Une réflexion globale sur la jeunesse et le statut d’étudiant doivent être menés. C’est l’enseignement et son mode de fonctionnement tout entier qui doivent être repensés. Que voulons-nous pour les jeunes de demain et dans quelle société voulons-nous tous vivre?

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Malgré une démocratisation de l’accès à l’éducation, la pauvreté des familles gagne du terrain et le montant et le nombre de bourses disponibles sont insuffisants pour répondre à la quantité de la demande. La première conséquence de cet appauvrissement des familles, c’est que pour beaucoup de jeunes, les études supérieures sont un luxe que leurs parents ne peuvent tout simplement pas leur offrir. Pour ceux qui accèdent aux études supérieures, le choix de la filière est souvent limité en fonction du type d’enseignement secondaire que le jeune a fréquenté. Et si ses conditions de vie sont précaires, c’est ce qui explique que les jeunes sont nombreux à faire le choix d’un parcours d’études plus court et directement professionnalisant. Faire de prestigieuses études annonciatrices d’un avenir radieux est plus souvent une question de moyens économiques que de talent individuel. Un enfant dont les parents sont pauvres sera bien plus à risque de se retrouver dans les filières professionnelles – qui devraient être des filières d’excellence mais qui sont devenues avec le temps des enseignements spécialisés. Les redoublements excessifs, sont une entrave à l’accès aux études supérieures pour des jeunes déjà fragilisés dans leur quotidien.

La question du logement :

Au niveau du logement, les inégalités se font également ressentir. Payer un logement à son enfant, pour qu’il puisse continuer ses études, n’est pas envisageable pour toutes les familles, ce qui peut également limiter les choix de l’étudiant. Soit il reste chez ses parents et s’accommode comme il peut de ce non-choix, soit il part de chez lui et tente l’aventure seul. Dans le deuxième cas, l’offre restreinte des logements étudiants publics contraindra la grande majorité des jeunes à se diriger vers des logements privés où les loyers ne sont nullement encadrés. A côté de l’appauvrissement général des familles et de la hausse du coût des études, le développement de petits contrats de travail à durée déterminée pour étudiants sont venus chambouler les équilibres qui existaient auparavant. Il y a de moins en moins de jobs étudiants disponibles et ceux-ci sont de moins en moins en rapport avec les études entreprises: rarement de quoi en retirer une réelle expérience professionnelle à faire valoir dans le futur. Cette dégradation de l’offre de job et des jobs étudiants pousse les jeunes à accepter de plus en plus n’importe quoi, ce qui peut encore davantage mettre en danger leurs études. Mis sous pression, certains vont travailler à tout prix, peu importe les horaires, y compris pendant les heures de cours.

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