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SCÈNE DE RUPTURE

– Tu sais mon amour, commença Aïda!
– Oui, ma reine, celle aimée comme nulle femme ne l’est, agrémenta, Monsieur Fall l’élégant professeur de français!
– Aimée, tu dis! Bla bla bla!
– Quelle chanson me chantes-tu ce samedi soir où les amoureux se promettent: douceur, câlins charmes, galanterie?
– Une chanson que tu as, au moins, chanté à une femme dans ta vie, à son grand regret et que ce soir je m’apprête à te la chanter ! Retour à l’envoyeur ! N’en déplaise au prince choyé !
– Qu’est-ce que tu insinues ma reine, une reine possessive d’un cœur lui appartenant dès la rencontre première?
– Un cœur qui s’est fait un autre roi, roi désormais mien et lien brusque et solide, roi, comme il n’y en a jamais eu dans toutes les contrées, roi avec qui je suis à cheval dans les cieux et disparaît loin de mon ancienne vie, loin de toutes les promesses d’un professeur charmeur dont le verbe est puissant mais le courage défaillant !
– Aïda, tu m’as toujours persuadé d’être faite pour moi, de m’attendre aussi longtemps que se lèvera le soleil, aussi longtemps qu’il se lèvera à l’Est pour se coucher à l’Ouest. La lune, les étoiles nous sont témoins. Te rappelles-tu encore. J’ai toujours été l’Occident et le printemps de ta vie, la promesse d’une vie heureuse.
– Professeur au verbe facile, à la poésie succulente, la promesse n’engage que ceux qui y croient. Et j’ai trop longtemps cru à tes balivernes.
– Je rêve !
– C’est ta vie toute entière qui est rêverie et scène de théâtre. Depuis plus de quatre ans, des promesses à n’en plus finir. Un mariage qui n’aura jamais lieu.
– Ne te presse pas mon ange?
– Tu es sourd ou amnésique? Je suis maintenant l’ange d’un banquier à la cravate bien nouée. Il parle peu, promet moins et passe son temps à exécuter mes désirs, mes caprices. Et toi, professeur à la belle poésie qu’as-tu fait pour moi? Nous le savons tous, le même cantique :  » j’attends mon intégration à la fonction publique « , que je sois fonctionnaire »,  » qu’on me paye enfin mon rappel d’intégration, « mes avancements »,  » qu’on me paye mes copies et mon déplacement  » bla bla bla . En réalité, vous, enseignants, vivez de ça! Vous n’avez rien! Les pauvres !
A peine avait-elle prononcé sa dernière phrase que le professeur à la belle poésie la gifla avec toute sa force, toute sa haine. Elle trébucha, tomba, se brisa le cou et sembla ne plus respirer.
Moi qui observais la scène, je courus vite la relever sans espoir, arrêtant un taxi, prenant la direction de l’hôpital régionale Ahmadou Sakhir Mbaye de Louga. Était-elle morte ?
La suite dans votre imaginaire, en attendant le diagnostic du docteur.

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Nourou Al Amiin

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