Après Balla GAYE, Bassirou FAYE, le destin a frappé encore un autre étudiant, cette fois ci, de Gaston BERGER Fallou SENE, qui son seul tort était de réclamer sa bourse pour sa survie. Une bourse qui, au-delà de sa fonction sociale (manger, se vêtir, se blanchir), a une autre fonction car étant le premier intrant pédagogique qui permet à l’étudiant de réussir ses études à l’université. Parlant d’université on fait allusion aux savoirs, aux valeurs, à l’éthique. Ce milieu composé d’intellectuels, futurs cadres de demain ne saurait être un lieu de carnage, de tuerie. Partant de là, on s’interroge : D’où vient le mal ? Qu’est ce qui explique cette tuerie ???
A ma connaissance, tout est parti d’un communiqué du recteur, N0 009 en date du 14 mai 2018, qui ressemble plutôt à une menace et voilà qu’un matin du 15 mai les gendarmes envahissent les restaurants universitaires pour disent-ils sécuriser les lieux sur ordre du recteur. Or, la loi 94-79 relative aux franchises et libertés universitaires précise en son article 4 : « Avant de demander l’intervention des forces de l’ordre, le Recteur doit recueillir l’avis de l’Assemblée de l’Université. Celle-ci peut être réunie en formation restreinte si les circonstances le commandent ». Eu égard à cette disposition, le Recteur n’a pas suivi cette procédure. Cependant, des questions me taraudent l’esprit. Quel doit être le rôle d’un recteur d’université ? Doit-il administrer le campus pédagogique ou le campus social? Autrement dit, quelle relation peut-on établir entre un Recteur (le pédagogique) et le social (la gestion des restaurants universitaires). Ne me dites pas qu’il est le Recteur, président de l’assemblée de l’université…Non, non.
Et à partir de là, un autre problème se pose, le problème de la formation en administration universitaire de nos recteurs. Le poste de recteur ne doit pas être une affaire d’amateur ou de politicien mais bien de professionnalisme et cela passe forcément par la formation car nul ne considérerait se déclarer notaire, médecin, plombier ou ébéniste sans une formation l’habilitant à remplir la fonction. Le processus de sélection (nomination) d’un recteur ne garantit pas que le candidat retenu possède une formation suffisante dans le domaine du management universitaire ou de l’administration universitaire tout court. Il est donc possible de penser que ce dernier, une fois en poste, pourrait manifester un certain nombre de difficultés dans le domaine de la gestion universitaire en ce sens qu’il ne suffit pas d’être un professeur magistral de rang A pour être recteur d’une université. Et à ce titre, nous pensons qu’on doit aller dans le sens de leur offrir une formation. A ce niveau, l’instance politique est interpelée au premier chef (le Président de la République)
Aujourd’hui, une université ne peut plus être considérée comme la simple juxtaposition de campus pédagogique et social. Elle constitue un système complexe de relations et d’échanges avec d’autres systèmes complexes. Dès lors, le rôle du Recteur, chef d’orchestre de la vie universitaire, en un mot leader, devient plus que jamais nécessaire. Le Recteur est bien plus qu’un gestionnaire. Il doit être un leader soucieux de valeurs, car exercer la responsabilité dans un établissement universitaire, c’est être le garant des valeurs, du cadre et de la mission globale. Le caractère « orchestral » de la fonction suppose de grandes qualités personnelles et beaucoup de compétences dans des domaines divers et parfois très pointus.
Notre société est en constante évolution et le monde universitaire n’échappe pas aux transformations culturelles, sociales, psychologiques, économiques et technologiques. On assiste à une redéfinition du noyau familial, au multiculturalisme, à l’augmentation de représentations symboliques. Aussi, est-il légitime de se demander si la fonction d’enseignant-chercheur pratiquée pendant de nombreuses années prépare-t-elle réellement à la fonction de Recteur d’une université. Hormis l’expérience pédagogique et la connaissance de quelques aspects de l’enseignement supérieur, de nombreux autres aspects sont ignorés: les méthodes administratives, la gestion de crises, de conflits (les contraintes de gestion), la communication interne et externe dans un établissement universitaire, l’organisation et le suivi de la vie universitaire.
Professeur Bouna NDAO,
Spécialiste en Sciences de l’éducation (Scédu)
Gestion des systèmes éducatifs, U.Senghor/Alexandrie
Courriels : [email protected]/ [email protected]
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