Après une fin d’année chaotique, l’école sénégalaise risque de renouer avec les contestations. Bien qu’il dise être prêt à rejoindre les classes dès le démarrage de l’année scolaire pour rendre effectif «Ubi tay jang tay» si les conditions matérielles et environnementales le permettent, le Cadre unitaire des enseignants du moyen et du secondaire (Cusems) menace de paralyser encore l’école. Il brandit cette menace à quelques jours de l’ouverture des classes prévue le 5 octobre.
Le Cusems s’offusque contre le non-respect des accords signés avec l’Etat, qui avaient débouché sur la levée du mot d’ordre de grève de l’année scolaire passée suite à l’intervention des guides religieux. «L’année dernière, il a fallu l’intervention des chefs religieux pour qu’il y ait un dénouement de la crise scolaire. Mais, il faut regretter et dire que les autorités n’ont pas mis à profit les vacances pour résoudre définitivement les problèmes de l’école sénégalaise. Il y a une insuffisance dans la matérialisation des engagements. Ce qui s’est passé l’année dernière ne doit plus se reproduire», a prévenu le Secrétaire général du Cusems, Abdoulaye Ndoye, hier lors du Conseil national syndical du Cusems tenu au lycée des Parcelles Assainies.
Déplorant la lenteur du gouvernement sur la résolution de la crise scolaire, il assimile les deux rencontres convoquées par les autorités à 5 jours de l’ouverture des classes sur l’initiative du ministre de l’Education nationale et du haut conseil du dialogue social, à «une stratégie de communication des autorités». «L’école est une affaire sérieuse. L’Etat a pris des engagements devant les chefs religieux, a l’obligation morale et historique d’honorer ses engagements. L’apaisement du système éducatif sénégalais ne pourrait être un vain slogan. Le seul facteur d’apaisement, qui vaille aujourd’hui, est le respect des accords signés», a ajouté le Sg du Cusems, qui définit les enseignants «comme les soldats du savoir». «Au moment où nous parlons, nous pouvons dire que c’est la déception totale dans la famille des enseignants. C’est pourquoi étant un syndicat d’alerte, nous allons alerter encore. Il est important que les autorités prennent les dispositions nécessaires pour matérialiser les accords», renchérit le syndicaliste qui invite les autorités à revaloriser la fonction enseignante.
Par ailleurs, le Cusems regrette la crise généralisée dans le système éducatif mais aussi de violation du droit de grève et des libertés syndicales. Il cite en exemples la radiation de Ousmane Sonko, le blocage du compte du Cusems. «Nous réclamons son déblocage», avance-t-il. Il poursuit : «Les menaces de radiation brandies par le gouvernement du Sénégal, les demandes d’explications aux professeurs des lycées et collèges du Sénégal, les mises en demeure, les avertissements, les réquisitions sont une violation du droit syndical et des franchises scolaires. On assiste à une diabolisation des enseignants. Où va le Sénégal ?»
Lors de ce Conseil national syndical, le Cusems a présenté son rapport d’activités (22 septembre 2013 au 22 septembre 2016), qui sera déposé sur les tables du ministère de l’intérieur et de la Fonction publique. «Nous osons espérer que nous serons entendus par le gouvernement», espère M. Ndoye.