Ecrivaine, chroniqueuse, étudiante en génie civil et entrepreneure, Ndèye Marie Aïda Ndiéguène veut repousser les limites de l’impossible.
«Je suis dans la logique que je ne suis pas sur terre pour suivre une seule voie.» Telle est sa vision. A 22 ans, l’étudiante en génie civil s’intéresse aussi aux lettres. Elle ne veut pas se créer de barrières. Sa curiosité intellectuelle la pousse à vouloir toucher à tout. Malgré son cursus sanctionné par un Baccalauréat en série scientifique, elle a une folle passion pour la littérature. Un amour pour les lettres inhérent à son milieu, son éducation. «J’ai grandi dans un univers où les livres constituaient le principal décor. Maman est Professeur de lettres Modernes et passionnée de littérature. Puis, il y a mon père qui, en tant que journaliste, a eu la chance de découvrir les quatre coins de la planète et de nous ramener dans ses valises des livres et des objets d’art qui nous émerveillaient», confie-t-elle. Teint clair, taille moyenne, l’étudiante est l’auteur de deux ouvrages. Sa première publication, intitulée Un lion en cage, est parue en 2016. Dans cette œuvre, par le biais du personnage principal Adama, elle porte un regard critique sur la société, en montre comment la recherche de bonheur peut parfois conduire à la tragédie. Ce livre lui a permis de recevoir le Grand Prix de la Première dame du Sénégal pour la promotion de la littérature féminine.
La lecture est aujourd’hui l’une de ses activités favorites. «Quand j’ai le temps, je peux lire deux ou trois livres par semaine. Il y a des livres qui sont faciles à lire, je les dévore quasiment. Je ne peux pas dormir sans avoir terminé», révèle-t-elle. La mise toujours soignée, la fille de l’ancien journaliste de la Radio télévision sénégalaise (Rts) Mamadou Lô Ndiéguène aime la sape. Ses couleurs préférées sont le jaune et le rouge-bordeaux. Son visage révèle de gros yeux, un petit nez et des oreilles toujours cachées sous la voile qui varie selon la couleur des habits. Sur le terrain littéraire, elle s’adjuge comme mission de perpétuer les legs de Aminata Sow Fall et Mariama Ba, voire faire mieux. Sur le plan social, ses relations avec ses collaborateurs sont souvent tendues à cause de son principal défaut : «Je suis trop exigeante envers les autres», reconnaît-elle.
En 2017, Ndèye Marie Aïda Ndiéguène a publié son deuxième roman intitulé Gemini. Un titre qui, selon elle, se justifie par le souhait d’exprimer une idée de dualité. «Gemini, en latin, gémeaux ou encore jumeaux. Le jumeau renvoie souvent à l’image du double, des deux faces. Et puisque je parle de l’histoire d’un jeune homme au destin sinueux et à la personnalité double, j’ai donc choisi Gemini. C’est le titre qui m’est venu naturellement», justifie l’étudiante. A ce jour, elle reste marquée par la réception du Grand Prix de la Première dame du Sénégal pour la promotion de la littérature féminine aux côtés de Cheikh Hamidou Kane, Aminata Sow Fall et Adja Ndèye Boury Ndiaye.
Ecrivaine 2.0
Vu l’importance des réseaux sociaux, elle a nouvellement adopté une stratégie qui consiste à échanger avec les internautes. Debout au milieu de ses camarades à la Place du Souvenir Africain, les yeux cachés par des lunettes noires, son attention se porte sur le smartphone qu’elle a entre ses mains. Elle profite des technologies de l’information et de la communication pour dialoguer avec ses lecteurs via Facebook. «De nombreuses personnes me connaissent à travers les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, Instagram, YouTube où je suis très active. J’aime communiquer et partager mes expériences», affirme l’auteur de Gemini. Depuis quelques semaines, elle a opté pour des chroniques hebdomadaires sur sa chaîne YouTube. Elle justifie cette attitude par le souhait d’intéresser la nouvelle génération au monde du livre. «J’en profite pour présenter mes lectures du moment, donner mes impressions, faire des résumés et répondre également aux questions relatives au parcours d’écrivain, comment être publié, comment déposer son manuscrit…», précise la jeune écrivaine
Entreprendre pour servir
Ndèye Marie Aïda Ndiéguène est aussi depuis quelques mois dans l’entreprenariat. Elle a lancé l’an dernier la start-up Ecobuilders made in Sénégal, spécialisée dans les techniques de construction alternative, notamment en matériaux recyclés. Elle livre les secrets du projet : «Nous utilisons des pneus, des bouteilles et des sachets en plastique, entre autres. Nous avons déjà réalisé un hangar test en matériaux recyclés dénommé Gaïndé à Kayar.»
La jeune fille s’intéresse également à l’emploi des jeunes et à l’innovation. Elle a organisé la semaine dernière le Salon national de l’emploi des jeunes. Un rendez-vous initié par son père en 1997. La Thiessoise est célibataire. Elle préfère le yassa et le kaldou au thièbou dieune.