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Militarisation de l'école polytechnique de Thiès :L’Etat fait machine arrière

Le projet de remilitarisation de l’Ecole Polytechnique de Thiès (Ept) a fait couler beaucoup d’encre et de salive, avec le rejet systématique prononcé par les professeurs de l’établissement, la direction et le personnel administratif. L’affaire avait finalement créé un véritable malaise, mais tout est bien qui finit, car le Président de la République a décidé de maintenir l’établissement sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Vingt trois ans après leur départ de l’Ecole Polytechnique de Thiès (Ept), le retour des militaires a été théorisé, avec un projet de remilitarisation en bonne et due forme. Ce projet était systématiquement rejeté par les syndicalistes notamment, le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes), mais aussi par la direction de l’école, les Personnels d’enseignements et de recherches (Per) et les Personnels administratifs, technique et de service (Pats). Seuls le gouvernement et les élèves-ingénieurs agréaient un tel projet, porté en Conseil des ministres, en l’absence du ministre de tutelle, révélaient les syndicalistes. Finalement tous les acteurs s’étaient braqués contre la démarche et avaient exprimé leur volonté de la combattre jusqu’au bout, pour la survie de l’Ept comme établissement d’enseignement supérieur et de recherche. C’est ainsi qu’un véritable malaise s’est installé au sein de l’établissement. Mais tout est bien qui finit bien, nos sources nous révèlent que le président de la République a tranché, et en décidant de maintenir l’Ept sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Les acteurs ont toujours estimé que le projet de remilitarisation n’était pas sous-tendu par une réflexion sérieuse sur l’avenir de l’école et de ses composantes et qu’une saine et sincère ambition pour l’école serait, nécessairement, inclusive.

Listant à l’époque les points qui laissent apparaître que la remilitarisation est un projet surréaliste, Dr Séni Tamba du département génie civil de l’Ept et secrétaire général de la section locale du Saes affirmait que la direction et les différents acteurs de l’établissement ont consenti des efforts immenses, qui ont abouti à des résultats concrets. Il poursuivait : «ces résultats tournent autour de la stabilisation du statut du personnel (Per) et (Pats), statut inexistant durant la 1ère phase de militarisation de 1973 à 1992, la mise en œuvre d’un plan stratégique de développement, le contrat de performance, à hauteur de 5 milliards, déposé auprès de la Banque mondiale via le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il s’y ajoute le satisfecit d’une mission, à l’issue d’un audit institutionnel commandité par le Gouvernement, les multiples et féconds accords de conventions et de partenariat Public-Privé, la diversification de l’offre et des filières de formation». Pour toutes ces raisons, disait-il, «la raison s’oppose à une funeste volonté de remilitarisation».

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Selon lui, l’expérience militaire vécue de1973 à 1992 a été désagréablement sanctionnée, négativement, par un rapport de l’Ige et par un rapport de la coopération canadienne, ce qui avait conduit le gouvernement d’alors à démilitariser l’Ept en 1991». S’agissant des conséquences directes d’une remilitarisation, il citait : «le cloisonnement de l’Ept par la restriction des conditions d’accès (il faut d’abord une aptitude physique), le blocage de la carrière des Personnel d’enseignement et de recherches et la rupture automatique de tous les accords et conventions de partenariat, la suppression des libertés académiques et des franchises universitaires, le licenciement de plus de 100 travailleurs et l’arrêt de la dynamique de développement et la précarisation des emplois. Il s’y ajoute l’étouffement de la liberté de pensée, d’action et d’expression indispensable à un enseignement supérieur de qualité, les conflits récurrents, comme par le passé, nés de la cohabitation entre civils et militaires, armes aux poings».

Selon Cheikh Fall, chef de station de Thiès Fm/Rts, témoin de toutes les péripéties qui ont jalonné la marche de l’Ept, «ceux qui ont tenté de théoriser le retour des militaires aux commandes de cet établissement de référence ne pouvaient pas présenter d’arguments soutenus. Les militaires ont fait leur temps et leur époque à l’Ept, qu’ils ont dirigée à leur manière. Ce sont de vaillants patriotes qui continuent d’apporter leur savoir faire au pays». Après que la page sombre du projet de remilitarisation est tournée, Cheikh Fall poursuit, «il revient maintenant, à tous les acteurs impliqués et mus pour la bonne marche de cet héritage, de jouer la carte républicaine. De se mettre tout de suite au travail. C’est sûr que la prochaine rentrée scolaire dans cet établissement de référence sera marquée du sceau du réconfort, de la remobilisation. Un personnel, il faut le souligner, anéanti par cet épisode douloureux. Maintenant que tout est bien qui finit bien, c’est autour de la direction de l’Ept, des enseignants du personnel administratif et technique des étudiants de faire bloc chacun dans la limite de ses prérogatives, pour enfin épargner l’Ecole Polytechnique de tout divertissement ou de détournement d’objectif. L’Etat, pourra alors renforcer ses moyens d’accompagnement mais dans la stabilité». L’École polytechnique de Thiès, «l’une des perles de l’enseignement supérieur sénégalais», a été créée en 1973 par Léopold Sédar Senghor et «c’est le fleuron du pays dans le domaine des sciences de l’ingénieur surtout en génie civil, génie informatique, télécommunication et génie électronique».

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Mbaye SAMB (L’AS)

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