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Malade et hospitalisée, l’école sénégalaise vous écrit !

Sénégalais, sénégalaises

Au moment où je vous écris, je suis sur mon lit d’hôpital, doublement atteint d’un avenir flou et d’un abandon total. Mes chers ! La situation dans laquelle je me trouve est grave et j’aimerai vous en faire une dernière alerte, avant qu’il ne soit trop tard. J’ai servi cette nation et ses fils, j’ai formé, j’ai éduqué, j’ai corrigé … Aujourd’hui, peu d’entre vous se soucient de ma situation. Ceux et celles que vous appelez des autorités, ont d’autres priorités. Mes enseignants m’ont presque laissée. Mes élèves que je considère comme des fils, ne s’intéresse plus à moi. Parents, amis et sympathisants m’ont laissée en rade. Qu’ai-je fait de mal pour mériter cela ?

Mon seul mal, c’est d’être la victime culpabilisée d’un système et de ses Hommes. Pourtant, il y a de cela quelques décennies, je faisais la fierté de toute une nation, une nation que j’osais représenter partout dans les quatre coins du monde. En ce moment, mes larmes coulent et je pense à mon savent Cheikh Anta, celui dont je suis fière de réclamer la maternité. Il doit avoir mal dans sa tombe ! Si ma maladie m’emporte et que je lui rejoins demain, qu’allais-je lui raconter ? Que ses œuvres n’ont jamais fumé l’air de mes programmes ? Que mes enfants ne le connaissent pas ? ça sera la dernière poignarde que vous mettrez sur mon dos … Je ne vous pardonnerai jamais une telle douleur.

Vous pensez pouvoir développer cette famille sans passer par mon chemin. Alors détrompez-vous ! Je suis le seul et l’Unique levier pour vous soulever. J’ose insister sur mes propos. Prenez-moi au sérieux, je vous soulève, sinon laissez-moi mourir et vous allez me rejoindre. N’attendez pas mon cas super critique pour tenter. Il sera trop tard. Depuis votre enfance, j’ai tout fait pour vous : j’ai formé des enseignants, des médecins, des entrepreneurs, des élites et d’autres catégories. Rares sont ceux qui sont venus me rendre visite ou s’inquiéter de ma souffrance. Mes filles et fils me détestent parce que la vérité ne leur a pas était dite. Je n’arrive plus à leur donner les bonnes éducation et formation, puisque vous leur avez déjà menti, pour leur faire croire qu’ils peuvent réussir sans moi. Vous avez mis dans leur tête que, pour réussir, ils doivent être des corrompus, des voleurs, des truands, des politiciens. Sur ce, ma désolation est grande, car à chaque fois que ma situation est grave, vous vous retirez de vos responsabilités. Alors qui est coupable ? Moi ? Et bien Oui … je suis coupable d’avoir formé ceux qui vont me détruire. Vous avez abusé de mon silence pour me faire cela. Un jour viendra, vous saurez de quoi je vous parlais.

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Mes chers ! Vous êtes tous témoins de cette situation intolérable que me fait vivre cette société, la mienne bien sur. Les idées me concernant viennent toujours en bas des pages, je n’ai plus droit à la parole. A la télévision, à la radio, aux rencontres les plus importantes, vous me coupez la parole. Et vous avez fait croire à mes filles et fils que ce sont ces petits écrans qui font la vie. Ils sont donc perdus et aveuglement désorientés. Si la société a honte de dire cette vérité, qu’elle me laisse la mission.

Mes chers filles et fils, je m’adresse ici à vous, car je sais que vous m’en voulez parfois. Oui parce qu’on vous a appris que je suis la cause de votre situation. Non, je ne le suis pas, au contraire, je suis victime comme vous. Des élèves, étudiants et stagiaires que vous êtes, j’aimerai vous voir parmi ceux et celles qui me soigneront. Je sais que ça sera difficile vue mon Etat de santé, mais j’ai la ferme conviction que vous pouvez y arriver. Il suffit seulement de mettre pause et d’écouter ce que je vais vous dire : Si vous quittez les écoles et universités sans la moindre compétence pratique, c’est parce que vous êtes éduqués et formé, non pas pour faire la différence, mais éduqués pour ne pas être différents. Vous êtes éduqués non pas pour créer ou entreprendre, mais pour être employés. Personne ne m’a donné les moyens ou l’occasion de vous former. Mes chers, je termine ma lettre, en vous suppliant de me faire la différence. Allez sur les pas de Cheikh Anta Diop, lui seul vous suffit comme modèle : créez, entreprenez, innovez … Je me redresserai un jour et je serai fière de vous.

De la part de votre maman, l’école qui vous aime !

Par: Bara Diaw – Responsable édito infoetudes.com

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