De la grève des enseignants à la non orientation de plus de 10 000 bacheliers en passant par l’exclusion de certains bacheliers déjà orientés par l’Etat dans le privé et le boycott des compositions du 1er semestre par presque tous les enseignants, l’école sénégalaise saigne de partout ! Edito Spécial d’une école sabotée.
En parcourant la crise qui secoue actuellement l’école sénégalaise, on peut bien se demander dans quelle partie du globe sommes-nous vraiment. En effet de l’élémentaire au campus, le Sénégal est secoué depuis plusieurs mois par une crise scolaire qui n’a pas encore dit son dernier mot. Cette crise qui ressemble de plus en plus à celle de 2012 semble ne pas inquiéter les autorités. Pourtant cela a fait presque 5 mois que les syndicats des enseignants sont en grèves ou en débrayages. Fatigués d’être ignorés par le gouvernement, ces hommes de la craie ont donc passé à une vitesse supérieure : Boycott des compositions et des cellules pédagogiques, grève totale et marche nationale dans les différentes grandes villes du pays. Ils revendiquent de meilleurs conditions, leurs indemnités et un traitement salarial équitable avec les fonctionnaires du même corps hiérarchique. Cependant, on peut dire que leurs cris sont tombés dans l’oreille d’un sourd, si on en croit à la dernière sortie du président de la République, qui soutient et félicite son ministre de l’éducation nationale. La partie est-elle déjà gagnée? Nous donnons notre langue au chat !
D’un autre coté, les élèves se trouvent coincés entre le marteau et l’enclume. Ces potaches qui n’ont que leurs yeux impuissants peuvent se joindre déjà au silence coupable de leur parents pour mieux occulter la situation. A quand le sérieux dans ce pays ?
Bougeons un peu et allons à l’Université. Là, la situation est pire. Même si, Le ministre de l’enseignement Supérieur se vante d’une « université en bonne santé », on peut légitiment lui demander de quelle Université il s’agit. De la cité Aline Sitoé Diatta aux ENO, les maux masquent les mots. Si à l’UVS, les étudiants dénoncent des lenteurs administratifs sans cesse, les camarades de l’UCAD exigent soit leurs bourses, soit leurs logements et parfois une restauration de qualité. Un situation presque similaires ornent la face des autres universités. De quelle(s) université(s) nous parle alors notre MTN? Peut être celles du Sine Saloum ou celle de Tamba dont les travaux annoncés depuis 2013 n’ont pas encore démarré …
Que dire aussi des 30 000 étudiants menacés d’exclusion par les établissements privés pour une dette de 16 milliards … non de 9 milliards pour le ministre de tutelle. A qui croire d’abord ? Sans vous dire que ce sont ces mêmes établissements qui doivent accueillir les 10 000 bacheliers de 2017 qui ne sont pas encore orientés, 8 mois après leur réussite au baccalauréat au moment où leurs camarades orientés dans le public réclament leurs rappels.
… Ce qui choque dans cette crise, c’est que ça ne choque personne. Ce qui n’est normal qu’au pays de Cheikh Anta, là où le gouvernement peut prendre des décisions imminentes lorsque son électorat ou sa gouvernance est menacé, là où ses opposants peuvent hurler du tout et du rien, sauf de l’école, là où les « Sukërù koor » des élus peut éradiquer les abris provisoires, là où les leaders d’opinions passent silencieux à coté des menaces sur l’école, là où les médias snobent l’école, là où l’émergence est pourtant autoproclamée. … Et là où les questions sur l’école n’auront jamais de réponses justes et vraies ! Cette école où ça en-saigne de partout !
Par Bara Diaw, Responsable édito Groupe Info Etudes « [email protected] »