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Interview du MESRI : Cheikh Oumar Hanne dit TOUT !

Cheikh Oumar Anne sort du bois. Dans cette interview exclusive accordée à Sud Quotidien, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, revient sur les sorties au vitriol du Saes, les démissions en cascade constatées dans son département, notamment celle de Lansana Konaté, l’affaire des bourses des étudiants, l’hallucinant taux d’échec en master, la charge locative annuelle pour les universités de Bambey, Thiès et les Uvs. Sans esquive, aucune, le maire de Ndioum va au front et met les points i. Entretien…Monsieur le ministre, dès que vous avez été porté à la tête du département de l’enseignement supérieur, il y’a eu des voix qui sont levées pour s’interroger sur votre profil. Et pour cause disaient-ils, généralement ce sont des professeurs d’Université que l’on nommait à ce poste et que la tradition semble être rompue avec vous.Certains l’ont dit. Ça peut être un point de vue. Mais, la nomination relève exclusivement du Président de la République qui a le mandat populaire d’exécuter sa politique. Des professeurs titulaires ont été nommés à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur, tout comme d’autres ont géré ce département sans l’être. Pendant une certaine période, c’est le ministre de l’Education nationale qui gérait l’Enseignement supérieur. Ce qu’il faut comprendre est que le titre de Professeur est un grade qu’on a parce qu’on est dans l’Enseignement supérieur et on a gravi les échelons en restant dans les dispositifs. J’ai été professeur. Je suis enseignant du supérieur. J’ai enseigné pleinement pendant une bonne dizaine d’années où pendant quatre ans, j’avais déjà exercé en tant que Maître-assistant. Ensuite, je suis allé dans l’administration centrale où, pendant 13 ans, j’ai été directeur général. D’abord, dans une agence d’innovation technologique que j’ai mise en place, ensuite à l’ARPOSI. Par la suite, j’ai été directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). Le Président m’a choisi en connaissance de cause. Si je n’en avais pas les prédispositions, j’aurais décliné. Ensuite, il faudra qu’on me juge sur les résultats. Je pense que j’ai eu un vécu dans l’Enseignement supérieur. J’ai fait des Travaux pratiques (TP), des Travaux dirigés (TD), des cours. J’ai mis en place des équipes de recherche au Sénégal et à l’étranger. Ce sont les seuls critères qui sont déterminants dans la carrière d’un enseignant du supérieur.
En parlant de résultats, vous avez pris la mesure d’orienter tous les nouveaux bacheliers dans les universités publiques sénégalaises. Concrètement, qu’est-ce qui a motivé une telle décision ?
Les textes qui régissent notre sous-secteur d’Enseignement supérieur, engagent pleinement et entièrement la responsabilité du gouvernement dans l’orientation des nouveaux bacheliers du Sénégal. Ça nous donne quand même la légitimité de décider s’il faut orienter les nouveaux bacheliers dans les structures qui relèvent exclusivement de notre responsabilité ou de trouver d’autres solutions. En 2013, il y a eu des problèmes qui se sont posés dans le secteur. Une option a été prise par rapport à cette conjoncture d’orienter des nouveaux bacheliers dans le privé. Ça ne devait pas durer plus de 3 ans. Au départ, c’était 3 mille bacheliers qui étaient concernés. Nous n’étions pas parvenus à les orienter dans les universités et établissements du supérieur. Cela résultait d’une situation où les universités n’avaient pas les capacités en termes d’infrastructures d’accueil, de corps professoral. Il se trouvait aussi qu’on avait beaucoup plus de nouveaux bacheliers littéraires que de scientifiques. Donc, il n’y avait pas suffisamment de places. En voulant s’organiser, nous nous sommes rendus compte d’un premier problème : la détermination des capacités de nos universités. Le texte organisant même les orientations, permet désormais d’évaluer, d’un commun accord entre les instances académiques et le ministère, les capacités d’accueil de nos universités. Donc, toute la problématique des orientations relevait de nos capacités des universités publiques qui devraient, dans un premier temps, recevoir les nouveaux bacheliers. Quand elles atteignent leur limite, on orientait les autres dans le privé. Depuis 3 ou 4 ans, on n’a jamais atteint nos capacités dans les filières qui reçoivent les nouveaux bacheliers scientifiques et, pourtant, on en a orienté énormément dans le système privé. Donc, ce système mis en place au départ, a pris d’autres allures que nous montrent les statistiques des différentes orientations. Cette année, après une analyse de la situation, on avait constaté que ce système avait atteint ses limites. Nous avons tous constaté qu’à un moment bien déterminé, chaque année, nous avions une grève de nos partenaires, les écoles privés, soutenant qu’ils n’avaient plus les capacités de recevoir.
Vos partenaires du privé parlent des dettes estimées à 17 milliards
Ce qui montre encore une fois que le système avait atteint ses limites. J’ai dit qu’on n’orientait pas sur la base des capacités des universités parce qu’il n’y a pas une démarche qui consistait à évaluer les universités. L’évaluation des universités se base exclusivement, pour l’essentiel, sur les emplois du temps. Mais, quand je suis arrivé, je n’ai pas trouvé une seule université qui avait une maitrise des emplois du temps, ni une organisation pour les gérer. Ce qui a posé problème, d’ailleurs, pour la mise en pratique de notre décision d’orienter tout le monde dans les établissements publics. De 3 mille au départ avec une prévision de dépenser 3 milliards par an, nous sommes arrivés à 17 mille, avec des dépenses de 15 milliards. Donc, il fallait s’arrêter parce que depuis 2013, des efforts consistants ont été faits dans nos universités. On a mis en place le PGFSUP (Programme de Gouvernance et de Financement de l’Enseignement supérieur axés sur les résultats) qui était un investissement de 100 milliards FCfa. On a construit des Instituts supérieurs d’enseignement professionnel (Isep). On a mise en place des projets d’extension des universités. On a recruté des enseignants. On a mis en place le fonds de solidarité pour les retraites des enseignants qui augmentait de 20% les charges légales des enseignants. C’était pratiquement une augmentation à peu près de 20% du taux d’encadrement des enseignants. Tout cela faisait que la situation avait fondamentalement évolué. Ainsi, nous avons pris la décision d’orienter tout le monde, en disant que nous allons aussi accompagner cette mesure parce qu’il nous fallait économiser. Si le système arrivait à fonctionner, on allait économiser 15 milliards qu’on donnait directement au système privé. Même à ce niveau-là, je voudrai attirer l’attention sur l’enveloppe destinée au paiement des étudiants orientés dans le privé. Tout cet argent n’allait pas directement aux entrepreneurs du secteur privé parce que connaissant le système, une bonne partie revenait aux enseignants du supérieur qui faisaient les cours dans ces établissements. Parce que ces cours étaient délivrés pour l’essentiel, par les enseignements du secteur public. Sur ces 15 milliards, une bonne partie revenait aux enseignants du secteur public. Donc, il a fallu réorganiser tout cela. C’est sur la base de toute cette analyse que nous avons dit qu’il fallait maintenant orienter tout le monde dans le public. Pour l’essentiel, tous ces cours étaient exécutés par nos enseignants que nous payons et que nous avions recrutés.
Mais ça supposerait quand même qu’il y’ait suffisamment de places pour accepter tout le monde
Je vous ai dit tout à l’heure que le décret qui organise dit que les capacités des universités sont déterminées d’un commun accord entre les instances académiques et le ministère. C’est ce que nous avons fait. Quand nous avons pris cette décision, nous avons, dans un premier temps, parlé aux recteurs qui sont les présidents des assemblées d’universités où, siègent l’ensemble de doyens de facultés, de directeurs d’Ufr et des instituts. Sur la base des bacheliers que nous avons en 2019, nous avons fait une répartition. Ce qui couvrait largement les 54 mille bacheliers qui avaient demandé à être orientés dans les universités. Nous avons sur cette base-là, discuté avec le syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) qui avait une vieille revendication de faire orienter tous les nouveaux bacheliers qui en faisaient la demande, dans les universités publiques.
C’est le Saes lui-même qui demandait à ce que tous les nouveaux bacheliers soient orientés dans le public ?
Depuis 2013, le Saes revendique que tous les nouveaux bacheliers qui en font la demande puissent être orientés dans nos universités publiques, dans les instituts d’enseignement supérieur du public. Et cette revendication a été annuellement renouvelée par le Saes.
Et c’est le Saes aujourd’hui qui parle d’une mesure chaotique d’autant plus qu’il n’y a pas de mesures d’accompagnement pour les 54 mille nouveaux bacheliers ?
Non, il faut bien préciser que ce sont les sections Saes qui, de façon individuelle, ont, à des moments bien déterminés, fait des revendications. La première revendication nous venait de l’Ucad où le Saes avait revendiqué et posé le problème des mesures d’accompagnement. Cela est dépassé. On ne les entend plus parler de cela à Dakar. Ensuite, il y’a eu l’université de Ziguinchor où il y’a eu un problème avec la plateforme Campusen qui s’occupe des orientations. On a eu un déréglage qui a fait qu’on a orienté 3400 à Ziguinchor. Ensuite, il y’a eu une grève des étudiants de Bambey. L’essentiel, c’est pour des revendications qu’on a toujours en début d’année. Aujourd’hui, nous venons de terminer, en décembre, le processus d’orientation de tous les nouveaux bacheliers. La page est tournée. Et cette situation est acceptée par les instances académiques avec qui, nous sommes en train de travailler pour stabiliser la situation. Il faut faire la part des choses avec les universités. Il y’a le ministère qui gère avec les recteurs, les doyens et les syndicats. Dans la gestion des universités, les syndicats ne sont pas impliqués et ça il faut que les gens le sachent. Un syndicat, c’est un groupe qui a sa liberté de revendiquer. Le syndicat défend les intérêts de ses militants. Ils doivent se prononcer sur les conditions de travail mais, pour l’essentiel, sur la défense des intérêts matériels et moraux. Mais nous ne gérons pas les universités avec le Saes. C’est un système assez spécifié. La participation des enseignants sur le fonctionnement est importante. Les enseignants sont consultés. Ils élisent même, pour l’essentiel, dans les facultés, ceux qui les dirigent mais, en même temps, il faut préciser que le syndicat ne gère pas, quelque soit l’implication de ses militants dans le fonctionnement. A chaque fois qu’on entreprenne une démarche avec les recteurs des différentes universités, ils viennent avec des directeurs d’Ufr ou des doyens de facultés. Ils ont une bonne vision sur le nombre d’étudiants réellement inscrits et maitrisent beaucoup plus les emplois du temps. Nous évaluons la situation et essayons d’apporter des solutions. A Ziguinchor, nous avons apporté des solutions qui sont validées par le recteur. Nous venons de rencontrer les autorités de l’université de Bambey. Ils ont fait des propositions auxquelles des mesures ont été apportées. Ils étaient très satisfaits. Nous avons déjà rencontré les autorités de l’université de Thiès. Nous sommes en contact permanent avec elles. Nous sommes aujourd’hui en train de régler autant que faire se peut, les revendications du Saes. J’ai donné hier (entretien réalisé samedi, Ndlr), des instructions aux recteurs et au directeur général de l’Enseignement supérieur pour une gestion beaucoup plus rigoureuse du fonds de solidarité. Des propositions pertinentes ont été faites. Le Saes appréciera parce que quand même c’est une question liée aux enseignants. Nous avons donc aujourd’hui une démarche qui valorise davantage le rôle de gestion des instances de délibération de nos universités parce que c’est sur cette base que l’autonomie pourra se faire dans un cadre beaucoup plus performant.
Mais pourquoi est-ce que donc le Saes juge la situation chaotique ?
Je ne vois pas de situation chaotique. Il n’y a pas de chaos ici. Les cours se déroulent normalement dans les universités à Dakar et à Saint-Louis. A Ziguinchor, en dehors de deux jours de grève, ça se déroule normalement. A Bambey, il n’y a pas de grève. Il y’a des requêtes. Les étudiants ont fait une grève en demandant du Wifi. Ce qui n’a rien à voir avec les orientations. On a construit un restaurant. Les orientations des nouveaux bacheliers n’ont pas pour objectif de construire tout de suite un restaurant. Ils nous parlent tantôt de sureffectifs. C’est de l’amalgame souvent entretenu dans le milieu. Par exemple, le sureffectif sur Bambey, c’est 1000 étudiants par rapport à l’année dernière. Mais, par rapport aux capacités de l’université, ça ne devrait pas être plus de 500. Maintenant, Bambey a une certaine particularité parce qu’elle est située dans une capitale départementale, avec un défaut d’infrastructures d’accueil des étudiants en dehors de l’espace universitaire. C’est une situation qui est là qui ne dépend pas seulement des orientations.
D’aucuns aussi parlent d’une charge locative annuelle pour les universités de Bambey, Thiès et les Uvs. A combien s’élèveraient les tarifs locatifs ?
Il y’a certainement l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) qui, par rapport à ses démembrements et du fait pour l’essentiel des Eno (Espaces numériques ouverts) dont les travaux de construction qui devraient être terminés depuis plus de trois ou quatre ans. Donc, en attendant la livraison de ces infrastructures, nous sommes obligés de louer des Eno dans quelques départements. Ça fait une charge locative mais, qu’il ne faudrait pas considérer comme excessive par rapport aux moyens que nous avons mis à la disposition de l’Uvs. C’est une université qui a les mêmes dotations budgétaires que les universités normales qui reçoivent régulièrement des étudiants.
Et à quand donc allez-vous procéder à la livraison des universités d’El Ibrahima Niasse et d’Amadou Makhtar Mbow qui devrait faire office de village olympique en perspective des Jeux olympiques de la jeunesse de 2022 ?
Les universités Amadou Makhtar Mbow (UAM) et El Hadj Ibrahima Niasse ont été positionnées aujourd’hui, comme des projets prioritaires du gouvernement du Sénégal. Pour l’UAM, on avait un consortium de trois entreprises. Le gouvernement a résilié le contrat pour manquement au délai de livraison. L’infrastructure devrait être prête depuis 3 ans. Ça n’a pas été fait. Il y’a eu beaucoup de raisons. Les chantiers n’ont pas avancé et au moment où l’on parle aussi, le consortium n’a pas de garantie bancaire pour pouvoir continuer à apporter un financement adéquat. Nous avons donc, après une analyse approfondie, discuté et décidé de résilier le contrat parce qu’il faut aller dans une belle orientation avec une maitrise technique du chantier. Ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent dans la définition des prix. En tout cas, ce projet est géré à un niveau gouvernemental, pas seulement au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur bien que restant maître d’œuvre, il y’a un maître d’œuvre délégué et ça, nous avons considéré que c’était la bonne démarche pour livrer le chantier d’ici une année. Pour l’université El Hadj Ibrahima Niasse, le projet lot 1 qui devait être autour de Kaolack, nous allons aussi, d’ici mars, démarrer les travaux.
Le secrétaire général du Saes a évoqué 8 mois d’arriérés de salaires et des paiements aux ayants droits notamment les retraités. Qu’est-ce que vous répondez à ca ?
Je leur ai dit que c’est une revendication qu’ils doivent porter au niveau des recteurs car, ils sont les ordonnateurs de paiement. Je leur ai instruit de payer. Maintenant, au moment de virer les budgets des universités qui sont autonomes, nous avons pris la mesure de retenir à la source l’équivalent de la prise en charge du fonds de solidarité.
Il a été aussi noté des démissions en cascade dans votre département particulièrement celle du directeur des bourses, Lansana Konaté. A-t-il été démis ou a-t-il démissionné ?
Il a démissionné. Il a donné ses raisons. Mais, c’est sur la forme que je voudrais me prononcer. Nous sommes dans une République. Le Président de la République a les prérogatives que lui confère la Constitution de nommer aux fonctions civiles et militaires. Il peut nommer les fonctionnaires. Il peut nommer le directeur des bourses sans le consulter mais, quand il nomme, il a une démarche respectable et respectueuse de consulter pour faire honneur à quelqu’un. Il a été directeur des bourses pendant plus de six ans. Il a bénéficié de la confiance du Président. Je pense qu’au moment de partir, ça devrait être géré d’une autre façon quelque soit les raisons par ailleurs ;
Laquelle?
C’est-à-dire de demander à être déchargé et cela se fera dans le respect des normes républicaines. S’il y’a des choses qu’il veut dire, qu’il les dit ouvertement. Quand vous revendiquez quelque chose, vous le dites à celui qui a les capacités de régler ce problème et si ça se règle pas, vous démissionnez. A ce jour, j’ai reçu une lettre à une période bien déterminée. Mais, ce qu’il faut dire sur les bourses, c’est 70 milliards FCfa que le gouvernement du Sénégal paie aux étudiants annuellement. Le paiement des bourses est classé comme une dépense prioritaire de l’Etat. Ces efforts doivent être accompagnés par des résultats. Cela veut dire que le secteur devrait être pacifié au regard des efforts mais vous voyez depuis six ans, 90% du taux des troubles des étudiants sont liés aux paiements des bourses.
Pourquoi ?
Quand je suis arrivé, j’ai dit qu’il n’était plus question qu’on ait des problèmes sur des retards de paiement. Et cela a été réglée. Cette année, les étudiants ont demandé à être payés en début décembre. Je leur ai proposé mi-décembre et on les paie trois mois plutôt que deux. Nous avons pris toutes les mesures qu’il fallait et nous avons discuté et retenu avec les étudiants qu’on les paie avant le 18 décembre. J’ai donné des instructions au directeur des bourses de sortir un communiqué pour dire qu’on paie avant le 18. Ce dernier, dans son communiqué, déclare le paiement des bourses avant Noël. Les étudiants m’interpellent en me disant qu’on est en train de tergiverser. Ce n’était pas un gros problème mais, qui connait le secteur, sait que ça pouvait conduire à une instabilité. Je lui ai dit d’envoyer aux étudiants un message pour leur dire effectivement que c’est le 18 qu’ils seront payés pour ne pas les déstabiliser. D’ailleurs, cette situation a même conduit à une instabilité d’un jour au niveau de l’Ucad. Nous sommes montés au créneau pour le résoudre ce problème. Avec le ministère des Finances, nous avons accéléré la procédure pour payer le 12 décembre. Il devrait présenter les états au ministère qui transmet automatiquement à la banque qui paie. De son propre chef, il sort les étudiants de Saint-Louis sur la base que, pour lui, en 2017, tous les étudiants de Saint-Louis ont redoublé alors que le gouvernement avait signé un accord avec ces derniers. De son propre chef, sans m’en informer, sans en informer le ministre des Finances, il sort ces étudiants des états. Il paie. C’est ça qui a conduit aux troubles de Saint-Louis. Nous l’avons interpellé et il a nié. Nous lui avons donné instruction de faire les états et de payer les étudiants de SaintLouis. Il a demandé qu’on lui sorte un arrêté du ministre. Je lui ai dit qu’il n’en avait pas besoin parce que l’arrêté a été déjà pris et puisqu’en son temps c’était une année invalide. Donc, il s’exécutait comme il se devait. C’est par la suite qu’il a démissionné.
Quid des bourses pour les étudiants en master ?
On donne 70 milliards de bourse aux étudiants. 35 milliards à ceux qui sont en master. Aujourd’hui, il faudra que la communauté universitaire prenne en charge la question des capacités des universités. Ce n’est pas seulement le nombre de nouveaux bacheliers qu’on reçoit, c’est aussi, les places en master. Pour l’orientation des bacheliers, on a des critères. Pour être orienté en médecine, il faut avoir une moyenne dans un groupe de matières. Pour être orienté en sciences naturelles, c’est la même chose etc. Aujourd’hui, nous avons un système d’orientation qui nous permet d’évaluer les capacités et de les orienter. D’ailleurs, toutes les universités sont en train de travailler pour avoir un logiciel de gestion de leurs emplois du temps. Ce qui nous permettra, à tous, de pouvoir orienter des bacheliers. Il est entrepris, aujourd’hui, un certain nombre de mesures d’accompagnement annuelles pour cette année, pour les années à venir, ainsi que d’ici 10 ans, qu’on termine l’université Amadou Makhtar Mbow et l’université du Sine Saloum, on n’aura pas de problèmes de capacités d’accueil dans nos universités publiques, avec une maitrise des emplois du temps. Mais, il faudra qu’on règle certains problèmes. Par exemple, il faudrait que les licences soient professionnalisées pour qu’après les étudiants puissent aller chercher un emploi, car un master ne doit pas être le seul débouché pour les personnes titulaires de licence. Il faudra aussi, dès à présent, définir les critères pour qu’un étudiant puisse faire un master parce que le taux d’échec est important faute d’encadrement. Les étudiants ne viennent pas faire cours normalement. Cette année, nous avons demandé aux doyens de nous faire parvenir les masters qui sont ouverts dans les universités et nous donner les critères pour y accéder. Sur la base de ces critères, nous définirons sur Campusen les listes pour chaque master avec des critères d’orientation bien déterminés et nous renforcerons ainsi, le système de la recherche. On a 101.000 étudiants boursiers. Ils perçoivent entre 20 mille et 65 mille F Cfa par mois. Tous les étudiants qui ne sont pas boursiers, à peu près 40mille, perçoivent une aide de 100mille FCfa par an. Ce qui tourne qu’autour de 11 mille FCfa par mois sur les neuf. Il y’a 35 mille pour les masters avec des taux de réussite inférieurs à 5%. Ce n’est pas acceptable ! On ne peut pas investir autant d’argent pour avoir ça. Il faut tout réorganiser et on s’y atteler dès cette année.
Sud Quotidien

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