Le système Franco-Arabe est méconnu des sénégalais. Nous ne connaissons que très peu les différentes filières qui existent, le déroulé des examens, les débouchés ainsi que les difficultés rencontrées par les élèves de ce système. Nous avons rencontré Mactar Fall président National du Mouvement des Élèves et Étudiants Franco-Arabe du Sénégal pour partager son expérience personnelle.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Président National du Mouvement des Élèves et Étudiants Franco-Arabe du Sénégal (MEEFAS) qui est une structure à but non lucratif et se fixe comme objectif de promouvoir l’enseignement franco-arabe et de défendre les intérêts des élèves et étudiants de ladite structure. Je suis étudiant en Licence 3 au Département d’Arabe de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar.
Quelles différences trouve-t-on dans le système Franco-Arabe par rapport au système classique?
Le système franco-arabe repose sur un enseignement général trilingue. L’arabe y est la langue de base, le français la LV1 et l’anglais la LV2. Les disciplines scientifiques, l’histoire, la géographie et la philosophie sont enseignées en français avec le même programme que celui des établissements classiques avec les mêmes coefficients et les mêmes créneaux horaires. Il nécessite aussi d’élucider qu’il y trouve des séries scientifiques( S1A et S2A) et une série littéraire (LA). Sa spécificité par rapport au système classique ou à l’école française réside dans l’enseignement de l’éducation religieuse et de l’arabe comme langue de base. Les examens du CFEE, du BFEM et du Bac sont organisés par l’Etat et les bacheliers ont maintenant accès à toutes les universités nationales et internationales. Cependant l’enseignement technique n’existe pas dans le système franco-arabe. Ceux qui désirent s’orienter vers cette série sont obligés de quitter le franco-arabe après le BFEM pour être orientés en seconde dans les lycées techniques.
Y a-t-il plus ou moins de travail? Comment les programmes sont-ils aménagés et adaptés?
Les diplômes ( CFEE, BFEM, BAC option Franco-Arabe) comme ceux de la classique, peuvent permettre à la personne de postuler aux différents concours que l’État organise, sinon même intervenir dans le privé avec leurs diplômes en Option Franco-Arabe. Parce qu’actuellement, il y a des bacheliers Franco-Arabe partout dans les universités nationales et internationales qui suivent différentes formations. Donc demain ils seront présents dans les différents secteurs et domaines de la République. Déjà il y a des produits Franco-arabophones qui sont des professeurs, enseignants, informaticiens, ingénieurs, journalistes … la liste est longue. Ils sont présents dans les secteurs de l’économie et au niveau de tous les domaines de l’Etat. Ils jouissent, en plus de leurs compétences, généralement d’une bonne réputation aussi bien dans leur milieu professionnel que social, due à leurs qualités et valeurs morales acquises durant leur cursus scolaire. Donc y’a pas d’handicap pour entrer dans le monde du travail pour les produits Franco-arabophones.
Y a-t-il autant de débouchés après le bac? Que pouvons-nous faire de plus?
Ainsi, après le Baccalauréat, le bachelier issu de l’école Franco-Arabe publique peut donc bénéficier de n’importe quelles formations de son choix si toutefois la série qu’il faisait et ses notes au baccalauréat sont conformes bien sûr aux critères édictés par la filière demandée. Ce qui est différent avec le BACCALAURÉAT arabo-islamiques( Série LAR). Parce que ces écoles privées arabo-islamiques ne proposent que l’enseignement de la langue arabe qui est le principal médium d’enseignement et se déroulent en même temps qu’un programme d’éducation islamique basé sur les sciences religieuses. Toutes les disciplines scientifiques et littéraires y sont enseignées en arabe. Il n’est pas accompagné d’un enseignement technique ni de la formation professionnelle. Jusqu’à ce jour ,le CFEE et le BFEM de cette option ne sont pas encore reconnus par l’Etat. Les établissements délivrent des diplômes d’école. Désormais, son baccalauréat est reconnu depuis 2013 par le décret 2013-913 du 01 juillet 2013. Ce fut le fruit d’une longue revendication. Mais les bacheliers arabo-islamiques n’ont accès au niveau de l’enseignement supérieur qu’au département d’arabe de l’UCAD et aux quelques centres de formation.
Donc ce que nous recommandons à l’Etat c’est d’ouvrir une filière où ceux qui souhaitent suivre une formation islamique peuvent être formés. Parce que certains bacheliers, après le BAC, veulent continuer leur formation islamique déjà initiée depuis le cycle primaire. Pour aller plus loin nous demandons la création d’une université Arabo-islamique, création qui est une vieille promesse depuis le régime de Me Abdoulaye WADE. Parce que le Département Arabe de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar ne peut plus accueillir tous les bacheliers Franco-arabophones ou arabophones, et ce dernier aussi ne dispense que de formations en langue et littérature Arabe; ce qui est très limité. Au delà de l’orientation, il faut définir encore une bonne politique pour l’enseignement Franco-Arabe :
-Politique économique : renforcer ces écoles en capacité matérielle, les équiper et les doter encore plus de moyens. Il n’y a pas d’équité sur ce domaine.
– Politique environnementale : La majeure partie des établissements Franco-Arabe publics soit ils sont hébergés dans des collèges et lycées classiques, soit ils sont logés dans des abris provisoires.
Quelles sont les difficultés rencontrées, s’il y en a?
Les problèmes phares qui gangrènent le bon fonctionnement des écoles Franco arabes sont le manque d’infrastructures adéquates qui leur sont propres. Une fois ce problème réglé, les difficultés secondaires seront éradiquées . Il faut revoir les professeurs arabes affectés dans les établissements Franco-Arabe. Vous savez mieux que moi que le programme franco-arabe pour l’enseigner il faudra au moins un certain niveau et une certaine capacité – si je peux m’exprimer ainsi- , mais parfois on note que certains professeurs Arabes ne sont pas du tout aptes à enseigner le programme du système franco-arabe surtout au niveau du lycée. Il leur faut une formation qui colle avec ce qu’ils vont trouver dans les établissements Franco-Arabes. Ils ne doivent pas être formés au même titre que ceux qui seront plus tard au service des écoles classiques car il y a une large différence entre les deux programmes.
Un mot pour les jeunes qui sont dans le système Franco-Arabe?
Nous lançons un appel solennel à tous les apprenants Franco-arabophones pour qu’ils redoublent d’effort et se donnent corps et âme pour réussir et décrocher leur BAC Franco arabe qui n’est pas tout à fait comme les autres Bac. Le BAC Franco arabe peut être considéré comme un couteau à double tranchant car ce dernier, vous permettra de faire tout ce que vous pouvez faire avec le BAC classiques en même temps faire ce que le BAC classique ne peut pas. Prenez l’exemple d’un bachelier Franco-arabe, il peut postuler au Concours de Recrutement des Élèves Maîtres( CREM) option Arabe comme option Française. Il faut souligner une partie importante de l’école qui est l’Enseignement de l’Education Islamique. De même, vu comment le monde évolue ces dernières années, celui qui maîtrise plus de langues et subit plus de formations a logiquement plus de chances de réussir et de réaliser ses rêves de manière éclatante.
Certes, l’enseignement Franco-Arabe est un peu difficile, mais beaucoup de gens ont relevé le défi décrochant le BAC option Franco-Arabe. Donc pourquoi pas vous ?
Nous demandons également aux produits Franco-arabophones qui sont aujourd’hui dans toutes les universités du Sénégal, et aux camarades qui sont actuellement dans le milieu professionnel, privé comme public, d’être des ambassadeurs de l’école et de la représenter dignement, et surtout de faire sa promotion car cette dernière reste toujours inconnue au grand public.
1 commentaire
Je suis une élève dans le système fracno arabe et je suis vraiment fière de ma filière et je voudrai vraiment des aides pour que je puisse continuer mes études à l’étranger