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Excellence, saut de classe et justice scolaire (par Imam Kanté)

Ce n’est pas juste que pour un même système scolaire, des parents qui peuvent encadrer leurs enfants ou payer à cette fin puissent faire faire sauter des classes formelles à ces derniers. On peut d’ailleurs se poser la question à qui échoit cette prérogative dans le système scolaire de notre pays. Quel est le parent qui ne veut pas voir son enfant obtenir des diplômes dans un délai le plus court ?

Pour être cohérent et juste en matière d’opportunités scolaires, comme on s’y attend en République, il faudrait mettre en place un système national de test où tous les parents peuvent s’ils le souhaitent faire tester leurs enfants. Ensuite, le personnel enseignant chargé de ces tests déterminera qui peut sauter quelle(s) et combien de classes en restant vigilant sur le risque de marchandisation des tests et de trafic d’influence.

Aussi, si c’est avéré, il faut que le ministre de l’éducation nationale nous dise pourquoi dans certains établissements scolaires du pays, on admet un élève avant 6 ans ? C’est une question d’équité et de justice. Un élève qui saute des classes gagne des années en opportunités professionnelles et cela a aussi des conséquences sur la retraite, etc.

Pour ceux qui disent que les cycles prennent trop de temps, je réponds qu’il appartient aux pouvoirs publics d’impulser la réflexion en la matière avec les spécialistes et experts et les autres parties prenantes du secteur notamment les parents d’élèves. Au demeurant, ce n’est pas au citoyen lamda de faire ou faire sauter des classes formelles à ses enfants d’accord mais qui sont des élèves pour le système scolaire légal.

Les discussions sur les réformes du système scolaire pourraient inclure le sujet relatif aux élèves supposés surdoués, précoce, etc., même si j’ai pour ma part, tendance à parler de « élèves qui assimilent vite ».

Une classe, c’est pas seulement des notes, c’est une classe d’âge, des apprentissages délivrés par des enseignants qualifiés selon un programme et des matières bien définies. C’est aussi des heures que la classe partage, où les élèves apprenent les uns des autres et se corrigent les uns les autres. Il est beaucoup de choses qui font qu’il ne devrait pas être ni facile ni une panacée de faire sauter une classe à un enfant.

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Un parent peut vouloir forcer son enfant à sauter une ou des classes pour moult raisons et le soumettre à des pressions inacceptables ! Et tout ça au pretexte de faire avoir « vite » son diplôme à son enfant objet ou chéri alors qu’il appartient au système scolaire d’évaluer les capacités de l’élève avec les outils pertinents à cette fin et le personnel qualifié en la matière.

Le parent peut souhaiter ce qu’il veut pour son enfant mais le système scolaire ne doit pas obéir à ses penchants et préfèrences mais aux exigences pédagogiques qu’il s’est donné. C’est bien de valoriser le rôle du parent dans le suivi de l’enfant tout en ne laissant pas croire qu’il peut se substituer au système scolaire au sens large s’entend.

Il faut laisser les enfants être élèves et faire leurs classes avec leurs camarades. Une classe, c’est plus qu’un jeu d’enfant. Pour surdoué qu’un enfant peut être, pour le système scolaire, c’est un élève qui doit être soumis aux règles de l’apprentissage définies par les institutions qui en ont la charge.

Il n’appartient pas au parent lamda de dire ce que l’élève doit apprendre ou non, en combien de temps, et combien de classes, etc. L’avenir
scolaire des enfants et du pays en termes de capital humain est trop sérieux pour être laissé aux seuls parents. La chance d’accéder aux opportunités du système scolaire doit être la même pour tous les enfants du pays afin qu’on puisse parler de justice et d’équité scolaires. Sinon, ce sont les enfants de parents outillés ou ayant les moyens de payer qui vont s’en sortir et on dira qu’ils sont surdoués ou on ne sait quoi encore et les autres vont être exposés au naufrage. Que les supposés surdoués soient les premiers de la classe et c’est tout, personne n’y trouvera à redire.

Pour finir, il est peut-être aussi temps de revoir les critères pour être lauréats du concours général, et même de voir s’il faut le maintenir… Dans la même veine, il urge de réfléchir sur les perspectives pour les élèves qui sont admis dans les écoles préparatoires. Ils sont des cracs et autres génies préparés dans les écoles préparatoires qui nécessitent des investissements humains, matériels et financiers colossaux et après, quel sera leur apport pour le pays d’origine ? C’est mieux de faire un séminaire sur ces questions stratégiques pour l’avenir et de nos enfants et du pays que sur l’éducation sexuelle complète.

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