Après les enseignants, les élèves reprennent les cours aujourd’hui. Mais dans un contexte de revendications. Le Siens et l’Inter cadre menacent déjà d’aller en grève. L’année scolaire 2018-2019 risque d’être mouvementée, dans la mesure l’élection présidentielle se profile à l’horizon.
L’année scolaire 2017-2018 a été sauvée in extremis. Le monde éducatif a repris aujourdhui le chemin des classes. Une rentrée, des inquiétudes et des interrogations. La conseillère technique au ministère de l’éducation nationale Mary Faye Siby faisant l’état des lieux sur le concept « Ubi Tey Jang tey », avançait que toutes les dispositions ont été prises pour une année scolaire paisible. Il n’empêche, des menaces pèsent sur la stabilité des enseignements dans les écoles sénégalaises. Le spectre de l’année écoulée plane sur celle qui s’annonce. Les enseignants ont effectué leur rentrée mardi dernier. Les syndicats regroupés autour de l’Inter cadre ont préféré débuter par un point de presse. C’était pour exiger la satisfaction de revendications des revendications vieilles de plus de quatre années. Ce qui veut dire que le bon déroulement des cours est déjà menacé dans la mesure où les acteurs principaux commencent leurs missions devant les micros au détriment des tableaux. « Nous appelons nos militants à se tenir prêts pour reprendre la lutte dans l’unité », cette chute du texte liminaire de l’Inter cadre annonce déjà la couleur. Ce sera une année de lutte pour les syndicats, de surenchère et de négociations. La table des autorités risque d’être bien garnie : D’exigences, de menaces et de complaintes.
Les trois mois de vacances et les réunions préparatoires n’ont pas permis aux différentes parties de trouver un compromis. Dans un système éducatif, les inspecteurs ont un rôle central à jouer. Ils interviennent dans l’organisation et sont présents dans l’administration. De ce fait, la rentrée et l’année scolaire en général pourrait être fortement impactés par les différents mouvements d’humeur du Syndicat des Inspecteurs et des Inspectrices de l’Education (Siens). Ce syndicat enchaine les préavis et les mots d’ordre de grève.
El Cantara Sarr et ses camarades ont récemment observé cinq jours dans les inspections d’académie (Ia), Inspections de l’Education et de la formation (Ief) et les centres régionaux de formations des professionnels de l’éducation (Crfpe). Ils avaient également boycotté tous les ateliers. Dans ce contexte d’incertitude, une année scolaire apaisée passe par le respect des accords signés selon Awa Wade, secrétaire général de l’Union démocratique des enseignants et enseignantes du Sénégal (Uden). Elle estime également que les enseignants doivent aussi lâcher du lest pour le bon déroulement des enseignements.
Contexte électoral, le syndrome de 2012 ?
Le Sénégal s’achemine vers une élection présidentielle. Des instants compliqués à gérer. Des moments de bouillonnement du front social où les revendications se bousculent sur la table des autorités. En 2012, les enseignants ont été intraitables en enchainant plusieurs mois de grève. Le bras de fer entre eux et l’Etat ont eu des répercussions sur le quantum horaire. L’année blanche ou invalide était sur toutes les lèvres. La situation n’est revenue à la normale que quelques temps après les élections. Suite à des négociations avec le président de la République Macky Sall et le ministre de l’éducation nationale d’alors Ibrahima Sall. Partant de ce postulat, l’année scolaire 2018-2019 est sous la menace des turbulences.
Sachant qu’en période électorale, les syndicats mettent la pression sur l’Etat. Ils déposent sur la table des négociations toutes leurs revendications. Et mettent tous leurs atouts de leurs côtés pour obtenir gain de cause. Et pendant ce temps, leurs interlocuteurs sont souvent prêts à toutes les folies pour sauver ce qui peut l’être. Dès lors, ils font des promesses et signent des accords. Des solutions conjoncturelles pour calmer le jeu et dérouler. Des stratégies que ne doivent pas adopter les responsables syndicaux et les autorités. « Les acteurs de l’école ne doivent pas considérer la période électorale comme un moment pour faire monter les enchères. Certes ce sont les gouvernants qui sont concernés mais rien ne doit les pousser à faire des promesses qu’ils ne peuvent pas respecter», analyse Awa Wade. Reste à savoir si l’année scolaire 2018-2019 sera une année de chantage, de surenchère ou de règlement définitif des problèmes de l’éducation.