J’espère que vous adorez les bonnes blagues autant que moi…
C’est l’histoire d’une fille vacancière nouvellement installée dans le quartier. Euh… Un prénom pour elle ?!
Oui Touti ! ?
Cette Touti dont je parle fait partie de ces filles capricieuses qui aiment faire du »tchiip tchiip ». D’ailleurs, elle nourrit un complexe de supériorité qui ne sied même pas à son niveau d’étude très bas.
Savez-vous ce que signifie cette expression : »complexe de supériorité » ?
C’est le fait de se croire supérieur et de considérer logiquement les autres comme inférieurs. Il en existe partout…
Cette Touti par exemple disait qu’elle ne sortirait pas avec un garçon qui n’est pas de son »calibre ». Hum… Pire, elle affectait un certain mépris à l’endroit de tous ceux qui l’abordaient.
Un jour, Touti attendit vers dix-huit heures pour bien s’habiller (très sexy) et passa exprès devant des garçons regroupés autour du thé.
L’un d’eux, ne pouvant s’empêcher de lui faire des compliments pour sa jolie toilette, lui dit en ces termes : …
– Waouh ! Mademoiselle, quelle classe !!!
Malheureusement, Touti n’a pas duré longtemps à l’école…
Elle répondit : …
– CM2 !
Mon Dieu !
Elle a confondu les deux sens du mot »classe ».
- Classe = comportement physique et moral exemplaire.
- Classe = niveau d’études.
? Mort de rire !
Formule introductive.
Justement, le mot »classicisme » provient du radical »classe » qui admet deux définitions qui renvoient toutes au concept du classicisme. en effet, la classe peut signifier un lieu où on donne ou reçoit un enseignement. mais l’expression »avoir de la classe » est en rapport avec le comportement physique et moral. Au XVII ème siècle, l’ordre était de rigueur et les écrivains en faisaient la promotion à travers des leçons de morale qu’ils prodiguaient au public lecteur. Parmi les plus célèbres auteurs, on ne peut pas honnêtement ne pas citer ceux-ci confinés dans cette fameuse boutade : »assis sur la racine de la bruyère, Molière boit l’eau de la fontaine ». Racine, La Bruyère, Molière, Boileau, La Fontaine.
Mais cette liste n’est pas exhaustive puisque Corneille, Bossuet, Malherbe… méritent d’en faire partie.
Quelles sont donc les caractéristiques qui facilitent l’identification d’un texte ou d’un auteur classique ?
UN IDÉAL DE VIE.
- L’HONNÊTE HOMME.
C’était un modèle humain créé par la société du XVII ème siècle. On le connaissait déjà dans le siècle précédent avec la dénomination »humaniste ». Au siècle suivant, ses traits de caractère avaient gagné plus de relief et plus de considération encore. Il était exemplaire dans tous les domaines (religion, politique et société, morale, physique…) et on cherchait à lui ressembler. Ce modèle humain (ou l’esprit qu’il incarne) était fortement représenté dans les textes classiques qui en assuraient la promotion de deux manières possibles : ou il est peint selon ce qu’il doit être, ou il est représenté selon ce qu’il ne doit pas être. Un exemple ? Jean de la Fontaine y excelle dans ses fables comme dans »le Loup et l’Agneau ».
- LES LEÇONS DE MORALE.
Les auteurs classiques étaient obligés de dispenser généreusement des leçons de morale dans leurs écrits, sous peine d’être qualifiés d’écrivaillons (d’écrivains médiocres). Par conséquent, la fameuse formule latine »castigare ridendo mores » trouve tout son sens. Pour preuve, La Fontaine disait lui-même dans la préface de ses fables :
»Je me sers d’animaux pour instruire les hommes ».
Ces leçons étaient formulées de deux manières possibles : l’explicite (ouvertement énoncées) et l’implicite (à deviner par le lecteur lui-même). Instruire et plaire étaient les deux maîtres-mots des classiques, s’ils voulaient bénéficier du suffrage du public lecteur ou spectateur.
UN IDÉAL ESTHÉTIQUE.
- L’INSPIRATION ANTIQUE.
Les classiques considèrent les Anciens, c’est-à-dire les auteurs qui les ont précédés dans le temps, comme des modèles à suivre. Ils leur empruntaient leur sujet d’inspiration et reprenaient leurs récits. Néanmoins, cette imitation n’était pas aveugle puisque la source d’inspiration commune était agrémentée par un style plus éloquent et bien plus séduisant. C’est le cas de Jean de La Fontaine qui imitait Ésope, Jean Racine qui s’inspirait de Sénèque ou encore de Virgile, La Bruyère qui reproduisait Théophraste,… Quiconque ne s’inspirait pas d’un auteur ancien comme référence n’avait que très peu de chance d’être admis (aussi bien par le public lecteur que par l’académie française) dans le cercle restreint des brillants écrivains. Néanmoins, une querelle s’ensuivit entre les Anciens (promoteurs de l’inspiration antique) et les Modernes (réformateurs d’un art moins contraignant).
-
LES RÈGLES D’ÉCRITURE.
Énormément de règles d’écriture codifiées depuis belles lurettes par Horace et Aristote, puis vulgarisées par Nicolas Boileau dans son Art poétique (1674), servaient de bréviaire, de code de conduite pour les auteurs classiques. Qu’on soit poète, romancier ou dramaturge, on était tenu de s’y plier. La versification, le schéma narratif, les trois unités (temps, lieu, action), à côté de la bienséance et de la vraisemblance, du non mélange des genres… Tout y passe ! Aucune faute n’était tolérée. Corneille en a payé les frais, lui qui avait négligé quelques-unes de ces règles lorsqu’il écrivait sa pièce théâtrale intitulée Le Cid (1637). Si l’on considère encore jusqu’aujourd’hui la langue française comme étant la »langue de Molière », c’est parce que celui-ci (dans sa poésie dramatique) s’était montré comme l’un des plus en vue qui se pliaient fort admirablement aux subtilités de cette langue qu’il maniait avec une adresse hors du commun.
Le mot de la fin.
Voilà donc, brièvement résumés les éléments d’identification d’un texte classique proprement dit. Ce siècle était celui où l’ordre, la raison, la mesure… étaient de rigueur, telle que imposée par le »Roi Soleil » Louis XIV.
Issa Laye Diaw.
Professeur de Français à Popenguine