Le bac ? Ils l’ont eu, ils le réclament. Nombreux sont ceux qui n’ont toujours pas reçu leurs diplômes. Plusieurs années après l’obtention. C’est une situation délicate pour ces ayant-droits qui en ont surement besoin pour d’autres projets. Ils allient souvent rendez-vous sur rendez-vous mais en vain. La plupart des bacheliers le reçoivent 7 ou 10 ans après et parfois même plus. C’est aussi des allers-retours à ne plus en finir. Ils sont si nombreux à être dans ce cas. Et en ont marre de faire la queue pendant des heures puis rentrer bredouille. « J’ai eu mon bac en 2013. Jusqu’à présent, je n’ai pas encore mon diplôme. Je me suis rendu à l’Office du Baccalauréat l’année dernière. On m’a dit qu’il n’était pas encore disponible », affirme. Les plaintes sont nombreuses. Des voix ne cessent de s’élever pour dénoncer cette politique. Toujours dans cette lutte, des internautes ont créé une plateforme sur Facebook appelée « OFFICE REND MOI MON BAC ».Un groupe de 8 817 membres sur tout le territoire national avec comme objectif de mettre fin aux longues attentes. Ils se disent fatigués de « payer 1 000 ou 1 800 francs cfa pour une attestation spéciale à chaque fois qu’ils veulent participer à un concours. La patience est énervante et fâcheuse. Elle pousse certains à abandonner et oublier. « A force d’y aller sans rien ramener, j’ai fini par abandonner et ne plus y retourner. C’est marrant , depuis 2011 , je ne peux pas recevoir mon diplôme .Pour participer aux concours , je suis obligé de me rabattre aux attestations spéciales » , peste Moussa Faye , étudiant en marketing.
Le retrait c’est aussi la croix et la bannière à Thiès. Les nouveaux bacheliers de cette localité doivent se rendre en un seul lieu indiqué. Une attente qui dure généralement 5 jours. Si le délai fixé est expiré le concerné doit se rendre à l’office du bac pour mettre la main sur son sésame. Issa Diop étudiant en langue étrangère appliquée à l’université Gaston Berger de Saint Louis raconte sa dure journée. « En 2013 , je suis arrivé sur les lieux à 7h 30, j’ai trouvé là-bas une longue queue .Ceux qui sont censés nous donner nos attestations ont rejoint les lieux les vers 9h 30. En plus leur travail était trop lent. J’ai passé plus de 5 heures. Ce n’était pas du tout facile. » Quant à Dame Séne, étudiant au département de géographie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, il a vécu un moment pire que celui d’Issa. Il a passé toute la nuit à contempler les belles étoiles. Des instants très difficiles. » J’habite à Hersent (à environ 2KM de l’inspection). Je suis plus proche que ceux qui venaient des autres départements (Tivaoune, Mbour). Je suis arrivé sur les lieux à 22h pour pouvoir mentionner mon nom sur la liste. Sur place j’ai rencontré un ancien camarade de classe qui m’a dit que nous devrions y passer la nuit parce qu’il y aura un rappel à 4h du matin et les absents seront rayés de la liste officielle. Ainsi on était obligé de dormir à belle étoile, sur le perron d’un atelier de tailleur en face de l’IA. Aux environs de 3h 45mn, nous sommes réveillés par le brouhaha des camarades qui couraient parce que c’était l’heure du rappel nocturne, disaient-ils. Nous nous sommes mis dans les rangs. C’est ainsi qu’on est resté debout, faisant la queue face aux bousculades et insultes… jusqu’à 7h du matin pour pouvoir mentionner nos noms sur la liste officielle que gérait le vigile. C’était un véritable cauchemar, franchement », déplore-t-il.
La tâche a été moins ardue pour Awa Diouf. » J’ai reçu mon attestation facilement, j’ai attendu jusqu’à l’ultime jour de la délivrance, le soir vers 15h pour y aller. Sur place je n’ai trouvé que 3 personnes ce qui m’a facilité la tâche. Je crois que les bacheliers se précipitent lors des premiers jours. » affirme Awa. Si obtenir le Bac est une dure épreuve, la récupérer est un véritable casse-tête.