Mame younousse Dieng a eu l’incroyable inspiration et le courage du siècle pour écrire une œuvre en wolof sans doute rendue facile par l’amour qu’elle a pour sa langue maternelle ou encore l’appartenance à un cayor où le verbe est succulent .La native de Tivaouane expliquait ainsi son choix : « J’ai vécu avec une famille de griots dont la maison faisait face à la nôtre. C’était une famille extraordinaire. Je crois que la source de mon inspiration, c’est cette famille dont la maison était comme une cour royale. Une vraie école de la vie où le wolof se chante en proverbes, sentences, dictons, calembours et contes, où le savoir se transmet en poésie. Le verbe volait haut partout et dans tous les sens. » .
Amoureuse de la langue wolof, la native de Tivaouane s’est longtemps battue pour la préservation de certaines valeurs africaines telles que : le cousinage à plaisanterie, la famille élargie et l’utilisation du cure-dent à la place d’une cigarette. Elle avait compris que c’était la meilleure façon de toucher ses compatriotes. En faisant ce choix, elle a balisé pour nous, avec générosité et courage, le chemin de la résistance culturelle.
A travers cette œuvre, on sent que le retour aux sources est fondamental pour tout pays désireux d’émerger ou de se développer. C’est lui qui donne naissance à des femmes fortes, discrètes mais vaillantes à l’instar de Ndeela, héroïne de Aawo bi, « belle et séduisante au point de faire oublier aux hommes le nom de leurs épouses » et si vertueuse pourtant. Cet être idéal est pour l’auteure un vrai joyau. « Jikko jeet wurus là », écrit-elle, en effet. Mame Younousse Dieng incarnait à la fois la tradition et la modernité : ancrée dans sa propre culture avant de s’ouvrir aux autres pour parler de la mondialisation ou du « rendez-vous du donner et du recevoir » si cher à Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal. Elle aimait dire et répéter: « Na ndey di ndey, baay di baay, gune di doom ». Une manière pour elle d’appeler tout un chacun « à jouer son rôle et sa partition dans l’édifice d’une nation »